Le programme immigrationniste de Jean-Luc Mélenchon reprend les recommandations faites par Terra Nova en 2011. Et si LFI flatte l’islam, c’est qu’elle est la principale religion des immigrés. Ce pari, gagnant dans les urnes, est une bombe pour la France de demain.
Le 10 mai 2011, la fondation Terra Nova publiait une note vouée à connaître un destin retentissant. Intitulée « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 [1]? », celle-ci prenait acte de la désaffection grandissante de l’électorat ouvrier classique à l’égard du Parti socialiste et de ses alliés. Elle recommandait à ses dirigeants de travailler à la construction d’une « nouvelle coalition » à vocation majoritaire, baptisée « la France de demain », devant rassembler à la fois les « diplômés », les « jeunes », les urbains… mais aussi « les minorités et les quartiers populaires » – autrement dit les électeurs issus de l’immigration récente.
Cette stratégie n’était pas fondée sur une vue de l’esprit. Le sociologue Vincent Tiberj y affirmait : « L’auto-positionnement des individus révèle un alignement très fort des Français immigrés et de leurs enfants sur la gauche. Le rapport de forces gauche/droite y est extrême, de l’ordre de 80-20, voire 90-10 %. Il se vérifie quelle que soit l’origine nationale, mais il est le plus massif pour les Français d’origine africaine (tant subsaharienne que maghrébine) et se renforce nettement pour la seconde génération par rapport à la première (de l’ordre de 10 points). »
Une telle surreprésentation constitue une opportunité toujours plus évidente pour la gauche, à la fois du fait de l’accélération des flux migratoires depuis la seconde moitié des années 1990 – documentée notamment par Michèle Tribalat – et de la plus forte natalité des populations issues de l’immigration. Entre 1998 et 2018, le nombre de naissances d’enfants dont au moins un des parents est étranger a augmenté de 63,6 %, celui des naissances d’enfants dont les deux parents sont étrangers a progressé de 43 %, tandis que les naissances issues de deux parents français diminuaient de 13,7 %[2]. Notons que la France est loin d’être le seul pays concerné par de tels constats. En effet, le vote à gauche de « minorités ethniques » au poids démographique grandissant semble être devenu une constante en Occident. Ainsi, au Royaume-Uni, lors de la dernière élection générale de 2019, l’Institut Ipsos MORI [3] a établi que 64% des électeurs identifiés comme « Black and Minority Ethnic » avaient voté pour le Parti travailliste de Jeremy Corbyn, soit l’exact double de son score global (32 %) ; seuls 20 % d’entre eux avaient choisi le Parti conservateur, soit moitié moins que son résultat national de 43,6 % qui lui a permis de remporter largement le scrutin.
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Bien entendu, ce soutien structurel n’est pas « gratuit » ou irrationnel, mais découle de propositions politiques favorables à la poursuite et à l’intensification de l’immigration dans ces pays, ainsi que d’une approche accommodante des enjeux soulevés par la gestion des différences culturelles et religieuses résultant de la sédentarisation des populations immigrées sur le sol des nations occidentales.Dans le contexte français, ce positionnement était assumé sans faux-semblant par Terra Nova, qui résumait ainsi sa « stratégie centrale » : « Pour faire le plein, la gauche doit faire campagne sur ses valeurs socioéconomiques, mais surtout sur la promotion des
