À 73 ans, M. Mélenchon rêve encore de révolution comme un papi en Ferrari…
Adolescent, je rêvais d’une Vespa. Ces jeunes Italiens, cheveux au vent, qui slalomaient entre les voitures avec une assurance déconcertante, représentaient à mes yeux la liberté insouciante. Les filles en amazone derrière eux suscitaient mes rêves sensuels. Mais ce rêve est resté inaccessible à l’époque, pour des raisons financières évidemment. Je rêve de m’acheter une Vespa aujourd’hui. Conduire une Vespa à mon âge serait peut-être risqué. Ai-je encore la force et les réflexes nécessaires pour rouler sous la pluie ou me faufiler avec dextérité au milieu des voitures ? Mon rêve de posséder une Vespa écarlate est-il adapté à l’homme que je suis aujourd’hui ? N’est-il pas folie ? En Suisse, sur les routes de campagne ou les autoroutes, je croise souvent des hommes âgés aux cheveux blancs, au volant de bolides rutilants qu’ils n’ont pu s’offrir qu’après avoir passé l’âge où ils pouvaient vraiment en profiter. Ces engins, symboles de vitesse et de vitalité, deviennent entre leurs mains des objets malaisants, sinon dangereux. Ils se raccrochent à un fantasme qui ne correspond plus ni à leur condition ni à la réalité. N’est-ce pas folie?
Le rêve de Mélenchon, le cauchemar des Français
Et puis, je pense à Jean-Luc Mélenchon. Sa Vespa à lui, sa Ferrari de rêve, c’est une révolution : un « grand soir » où le peuple, poussé par une indignation collective, renverserait les institutions. J’imagine que dans son adolescence trotskiste, il a dû rêver d’être Che Guevara. Mais contrairement à ce qu’il aime laisser croire, ce rêve n’est pas porté par des idéaux nobles d’égalité ou de justice. C’est un rêve de chaos, un rêve d’adolescent frustré, empreint de ressentiment contre le système, qui trouve sa pleine mesure dans la destruction.
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Mélenchon affirme vouloir construire une société meilleure et plus juste. Mais son projet repose sur l’opposition, la division et la stratégie du choc. Il attend l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national pour déclencher ce qu’il espère être une insurrection généralisée : la jeunesse lycéenne et universitaire dans la rue, les banlieues enflammées sous prétexte de lutte contre le racisme. Ce scénario, il le nourrit depuis des années, comme un pyromane qui attend patiemment que les conditions soient réunies pour allumer son feu.
Mais ce rêve n’a rien d’émancipateur. Mélenchon ne mobilise pas au service d’un idéal collectif ; il instrumentalise la colère et les tensions sociales pour satisfaire une ambition personnelle : celle d’incarner le leader d’un soulèvement. Comme ces hommes âgés sur leurs bolides, il semble aveuglé par un fantasme qui n’a plus aucun lien avec la réalité contemporaine.
Une stratégie qui menace la cohésion sociale
La France d’aujourd’hui n’est pas un terreau fertile pour une révolution romantique. Les fractures sociales, identitaires et générationnelles sont déjà profondes. La jeunesse n’est pas unifiée, les banlieues ne sont pas des blocs homogènes, et la classe moyenne vacille sous les pressions économiques. Pourtant, Mélenchon semble prêt à exacerber ces tensions, à jouer avec les peurs et les frustrations, pour provoquer un chaos dont il espère émerger comme figure centrale.
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Ses alliances implicites avec des courants islamistes ne sont qu’un exemple de cette instrumentalisation. En flattant certaines revendications identitaires, il cherche à mobiliser des électorats qui pourraient lui permettre de cristalliser une opposition au pouvoir. Mais ces alliances opportunistes ne sont pas sans danger. L’islamisme politique, dans ses formes les plus radicales, ne partage ni les idéaux républicains, ni les principes d’égalité homme-femme, ni les fondements démocratiques qu’il prétend défendre. Cette stratégie ne fera qu’aggraver les fractures sociales et alimenter la défiance mutuelle entre communautés. N’est-ce pas folie de croire que l’islamisme se contenterait d’une alliance d’opportunité ?
Un rêve adolescent devenu une menace collective
Comme un homme vieillissant sur un bolide trop puissant, Mélenchon est déphasé. Son rêve d’adolescent, forgé dans une époque où les révolutions pouvaient sembler héroïques, est aujourd’hui anachronique et dangereux. La société qu’il prétend vouloir « sauver » risque de payer le prix fort pour un fantasme personnel. Ce « grand soir » qu’il espère ne sera pas une libération, mais un chaos incontrôlable, une fracture supplémentaire dans un pays déjà éreinté.
Mélenchon, en poursuivant ce rêve, ne cherche pas à unir ou à construire. Il joue avec les divisions, les accentue, et mise sur un affrontement total pour s’inscrire dans l’Histoire. Mais un tel affrontement, dans une société aussi fragmentée, ne mènerait qu’à la désolation. Comme ces hommes âgés sur leurs bolides, il refuse de voir que son rêve appartient à un autre temps et qu’en insistant pour le réaliser, il pourrait causer des dégâts irréparables.
Le rêve de Mélenchon n’est pas celui d’un avenir meilleur. C’est celui d’une rupture brutale, d’un effondrement qu’il espère pouvoir diriger. Mais comme tous les rêves trop personnels, il risque de laisser derrière lui une société encore plus divisée et déchirée. Un rêve d’adolescent dangereux, pour un pays qui n’a plus les moyens de supporter de telles ambitions égoïstes.
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