Voyant la disparition d’Alain Delon lui voler la vedette dans les médias, Jean-Luc Mélenchon revient avec un coup diabolique, et prend de court la classe politique avec l’idée d’un gouvernement de gauche sans ministre issu de la France insoumise…
« La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles », écrivait François de Malherbe dans sa Consolation à M. Du Périer pour le décès de sa fille.
Ces jours-ci, le camarade Mélenchon aurait pu reprendre cet amer constat à son compte. Il se voyait en prince des médias, en imperator des plateaux de TV et des studios radio. Il s’imaginait en triomphateur sans égal de la rentrée médiatico-politique avec son coup d’éclat mâtiné coup d’Etat, j’entends par là la sommation adressée au président de la République de bien vouloir déguerpir de là où il trône. Le camarade s’était en effet préparé – nous rapportent des personnes très au fait de ces choses – à devoir courir les rédactions les plus diverses pour un marathon en solitaire d’au moins quarante-huit heures, donnant ainsi le « la » de la reprise et grillant la politesse à ses rivaux dans la piaffante corporation des bateleurs d’estrade. Tout était calé, policé, huilé, orchestré.
Las, badaboum ! Voilà bien que la camarde vient s’en mêler. Elle frappe. Et elle frappe haut, très haut. Elle emporte le Samouraï, le jeune frère Rocco, M. Klein, l’icône Alain Delon. Tout le bel agencement mélenchonien réduit à rien à l’instant même, laminé par la force dramatique, dramaturgique, de l’événement, écrasé sous la déferlante médiatique qu’il génère. Le défunt célébrissime – plus grand encore mort que vivant tel un certain Guise de notre histoire – occupe l’intégralité de l’espace journalistique disponible. Les critiques se font thuriféraires, qui trempent leur plume dans ce qui, en la circonstance, tient autant de l’encensoir que de l’encrier. Mais au fond, ce n’est que justice quand l’émoi populaire atteint un tel degré.
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Il faut savoir choisir sa mort, disait, espiègle, Jean d’Ormesson chez Thierry Ardisson. Et de citer celle de Jean Cocteau que le trépas d’Édith Piaf avait passablement occultée. Ironie du destin. Autre illustration de la Faucheuse et de ses rigueurs à nulle autres pareilles, ce même Jean d’Ormesson devait quitter ce monde dans le moment où Johnny – le Taulier – sortait de scène. Pas de chance. Tout pour Johnny, la pleine lumière post-mortem. De pâles éclats pour le malchanceux du trépas qui, en son for intérieur, devait espérer beaucoup mieux pour la fin de l’immortel qu’il était.
Choisir sa mort, conseillait-il. Le camarade Mélenchon devrait y penser. Rien ne presse, naturellement. Et puis, pour tout dire, on ne voit plus très bien quels grands, très grands, pourraient à présent, dans ce domaine si particulier de la gloire posthume, rivaliser avec les Piaf, les Delon, les Belmondo, les Johnny ? Mais si, il en reste un ! Un de ces spécimens hors norme, un de ces monstres sacrés aimés des gens. B.B. Brigitte Bardot. Personnellement, je la crois pour de bon immortelle, alors ce qui est évoqué ici ne saurait la concerner : elle ne mourra jamais. Jamais.
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