Européennes. MEDEF : 30 propositions. CPME : 150 propositions. Qui dit mieux ?
Il est clair en tout cas que les institutions patronales travaillent plus que les partis. C’est du sérieux, cette fois-ci. Le Medef (Mouvement des Entreprises de France) a toute légitimité. Ne représente-t-il pas 190 000 entreprises à travers les Medef territoriaux et les fédérations professionnelles ? Le Medef est piloté aujourd’hui par le consensuel Patrick Martin, après le très macroniste Geoffroy Roux de Bézieux (sous des dehors affichés d’ancien para catho-tradi, en mission civile sur les territoires français) et le trublion entrepreneurial Pierre Gattaz, plus proche en réalité de la CPME que du CNPF de son estimé papa (98 ans) sous la période Mitterrand, Yvon Gattaz, pour mémoire fondateur des Entreprises de taille humaine intermédiaire de croissance (ETHIC, cela ne s’invente pas) et de l’Association des entreprises patrimoniales (ASMEP devenu METI, Mouvement des entreprises de taille intermédiaire). Un vrai visionnaire bien que brocardé par les uns et les autres en son temps. C’est pourtant lui qui avait raison. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), nouveau nom de la CGPME de Léon Gingembre (époque Pompidou…) et de René Bernasconi, représente quant à elle 243 000 TPE, PME, ETI et artisans aussi. Ce n’est pas rien. C’est certainement aujourd’hui un bon thermomètre des PME françaises. Son président, François Asselin, est un garçon de grande qualité, œcuménique et prudent, par ailleurs président d’une Entreprise du Patrimoine Vivant (le label d’État des savoir-faire français), reconstructeur de l’emblématique navire Hermione (La Fayette en Amérique pendant la guerre d’indépendance). L’U2P (Union des entreprises de proximité), dirigée par Michel Picon, recouvre de son côté 3,7 millions d’entreprises dans les secteurs de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales, correspondant à 120 organisations professionnelles et 400 métiers. Enfin l’AFEP, l’association représentant les grandes entreprises françaises, dirigée par la très musicale Patricia Barbizet, ancienne directrice générale du groupe Pinault. L’AFEP a une représentation à Bruxelles depuis 1987. Elle est efficace, bien sûr. D’une efficacité d’autant plus redoutable qu’elle est discrète. Elle s’estime au-dessus de la mêlée. Il y a une part de vérité dans l’assertion.
Le patronat prend de la hauteur concernant les élections européennes de 2024. Il est tellement persuadé que les représentants politiques sont inconsistants, incompétents, incohérents à court terme et sans vision de long terme, qu’il a choisi de ne pas se mouiller ou, en tout cas, que sur des sujets techniques. Ceci concerne aussi la majorité présidentielle avec néanmoins l’absence d’attaques frontales marquées, à la différence de la pratique musclée de Pierre Gattaz lorsqu’il était président du Medef. Les sphères patronales jouent sur du velours. Il y a peu de Français à croire qu’un politique français soit aujourd’hui capable de changer quoi que ce soit en France, sinon sous une contrainte externe puissante (gilets jaunes, émeutes de banlieue, guerres externes).
Medef, les figures européennes imposées
Les propositions du Medef relèvent du bon sens : simplification, réindustrialisation, réduction des dépendances stratégiques, croissance à la base de la prospérité, réorientation des revenus par habitant par des efforts de productivité (les revenus américains par habitant sont aujourd’hui plus élevés
