Le sport peut parfois être perçu comme une métaphore du monde et de ses luttes.
Le magnifique match du PSG, le 16 février à Barcelone, avec sa victoire par quatre buts à un, permet sans abus d’en faire une métaphore de la vie politique.
Un triplé en Ligue des champions
J’ai toujours été passionné par l’analyse des rapports de force et des stratégies d’influence et ce n’est pas banaliser cette curiosité que de l’appliquer à une joute sportive internationale. Notamment pour ce qui concerne la relation entre Kylian Mbappé, fabuleux auteur de trois buts, et Neymar blessé et donc absent; ainsi que la dépendance habituelle de l’un par rapport à l’autre. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on considère que ce duo est handicapé d’abord à cause du génie intermittent, de la fragilité, du narcissisme et des afféteries de Neymar et de l’incidence de ces dispositions sur Mbappé.
Comme en politique, deux crocodiles dans un même marigot, malgré des relations apparemment cordiales, c’est un de trop. Le cumul est parfois une soustraction. Mbappé a brillamment démontré contre l’équipe de Barcelone que non seulement Neymar ne lui manquait pas, bien au contraire, mais qu’il ne faisait pas défaut plus globalement au groupe qui a été meilleur et victorieux sans lui. En ayant démontré durant 90 minutes une totale excellence. Ce n’est pas rien pour Mbappé, par ailleurs, d’avoir éclipsé Messi qui s’est trouvé impuissant et démuni.
D’un coup la carence de Neymar a permis à Mbappé de prendre toutes les responsabilités, d’oser, d’être le maître incontesté sur le terrain, d’inventer le jeu dans lequel il se savait exceptionnel, de marquer trois buts et de n’être jamais gêné par la présence à ses côtés d’un joueur qui l’entravait plus qu’il ne l’amplifiait. Ce n’est pas sous-estimer Neymar que de prendre acte du fait que son absence a libéré Mbappé et élevé le niveau de l’équipe tout entière. Neymar est un soliste qui la plupart du temps joue pour lui seul. Mbappé est un soliste qui, s’il ne dédaigne pas les exploits individuels, ne méconnaît pas l’altruisme. Au service de l’équipe plus que de lui-même et quand il éblouit, il transcende tous ses partenaires.
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Mbappé n’a jamais été vaniteux mais je suis persuadé que sans Neymar plus aucune contagion de « grosse tête » ne le guette. Livré à lui-même, Mbappé est partout irréprochable, au sommet à Barcelone.
Le danger de la cacophonie des dons
Comme en politique, il y en a un de trop et j’aurais eu un frisson d’inquiétude pour le PSG si en plus Messi avait rejoint ce duo. La cacophonie des dons aurait dominé pour le pire.
Serait-ce indélicat de poursuivre la métaphore en vantant le rôle décisif de l’entraîneur Pochettino qui en peu de semaines est parvenu à faire d’individualités techniquement remarquables une superbe équipe en rassemblant, en ne laissant aucun joueur au bord du chemin et en les embarquant tous dans une entreprise où chacun s’investissait avec bonheur parce qu’il était considéré ?
J’imagine ce qu’un président de la République pourrait mettre en œuvre pour la France s’il était inspiré par le même esprit et soucieux de la même participation et implication de tous. Cette comparaison a des limites, j’en ai évidemment conscience, mais comme Neymar est de trop quand on a un Mbappé, il y a probablement, dans notre vie politique, de trop rares Mbappé et des prétendus Neymar superfétatoires…
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