L’entretien accordé au Monde par Mathieu Valbuena est proprement hallucinant ! Victime d’une tentative de chantage à propos d’une « sextape » volée dans son téléphone portable, il raconte par le menu et de manière fort convaincante comment son coéquipier de l’équipe de France, Karim Benzema, a fait pression sur lui pour qu’il cède aux exigences des corbeaux. L’attaquant vedette du Real Madrid, originaire d’un quartier sensible de la banlieue lyonnaise, se faisait ainsi le relais de ses copains de cité, complices présumés de ce chantage. Valbuena, aujourd’hui avant-centre de l’Olympique Lyonnais, l’ancien club de Benzema, ne s’est pas laissé impressionner, et a remis l’affaire entre les mains de la police. Embarrassé, le staff de l’équipe de France a écarté les deux hommes de la sélection nationale, en attendant que la police et la justice l’ait éclaircie…
Cette décision est particulièrement injuste envers Valbuena, qui subit ainsi une double peine : victime d’un chantage, et écarté des Bleus. Pour faire bonne mesure dans le style racaille, Benzema s’est laissé aller à cracher par terre pendant que La Marseillaise retentissait dans le stade de Madrid en hommage aux victimes du 13 novembre. Son avocat, Me Alain Jakubowicz (par ailleurs président de la LICRA), devant le tollé général provoqué par ce comportement, s’est fendu d’un communiqué affirmant que geste avait été « mal interprété » et a fait valoir que Benzema avait exprimé sa solidarité avec les victimes sur ses comptes Twitter et Instagram… On voudrait bien le croire, ne serait-ce que pour garder encore quelques illusions sur l’incompatibilité de l’excellence footballistique avec une morale de voyou. Toute l’habileté du grand avocat Alain Jakubowicz ne nous empêchera pas cependant de trouver incongrue la brusque envie d’expulser un mollard de sa cavité buccale, devant les caméras du monde entier, au moment même où retentit l’hymne national…
Que se passe-t-il donc au sein de l’élite des joueurs français de football ? Depuis les incidents de la Coupe du monde en Afrique du sud, on avait, certes, fait son deuil de la belle légende « black-blanc-beur » du triomphe de 1998. Mais on voulait encore croire qu’il suffisait d’écarter quelques brebis galeuses, comme Nicolas Anelka, de la sélection nationale, pour que cette dernière retrouve sinon le chemin de la victoire, du moins celui de l’estime du public. Or, il apparaît que Mathieu Valbuena, en n’écoutant pas les conseils du « parrain » Benzema, de « voir » les maître chanteurs (entendre : payer et la boucler), court le risque de se trouver isolé au sein de l’équipe de France, boycotté et harcelé comme une vulgaire balance de quartier.
Cette lamentable histoire vient s’ajouter au scandale qui secoue les instances dirigeantes du football mondial, où l’on découvre un système mafieux de grande ampleur, où Michel Platini, notre vieille gloire nationale, est mouillé. Le poisson pourrit non seulement par la tête, mais par les nageoires et les arêtes !
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