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L’apocalypse selon Mathieu

Mathieu Kassovitz a la haine de notre époque


L’apocalypse selon Mathieu
Mathieu Kassovitz photographié à Los Angeles en février 2020 © Jordan Strauss/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22427132_001332

Devant la possible réélection de Donald Trump à la présidentielle de novembre, Mathieu Kassovitz voit « la fin du monde arriver ».


Afin de soulager la rédaction du Gorafi durant l’été, nous pouvons heureusement compter sur les représentants de la culture française, qui eux, ne prennent jamais de vacances.

Englués dans leurs privilèges, ils ont cette fâcheuse habitude de s’exprimer au nom de ceux qui souffrent, sont ignorés, ou mis sur la touche. En juin, dans le flot de nouvelles sordides et ensanglantées, alors que la question de l’insécurité revenait dans le débat public, Kasso plaidait à contre-courant du bon sens, pour un désarmement de la police (voir ci-dessous). Cette semaine, il nous embarrasse une nouvelle fois en se livrant sur ses angoisses eschatologiques, tout en s’octroyant la légitimité de parler au nom du peuple américain.

En 2017, après avoir apporté son soutien à Emmanuel Macron dans le duel qui l’opposait à Marine Le Pen, le réalisateur de La Haine avait publiquement traité de « trou du cul » Nicolas Dupont-Aignan – bel exemple de courtoisie républicaine ! – pour son ralliement à la patronne du RN. Trois ans plus tard, toujours avec finesse et modération, il s’en prend au président américain sur le plateau de LCI.

Les heures les plus sombres

« Le 3 novembre, s’il passe, et qu’on doit se retaper quatre ans de… Enfin, ce ne sera pas quatre ans, parce que je pense que là ce sera le début d’une dictature américaine. »

Face à un tel écueil, le point Godwin se devait d’être atteint : « J’ai l’impression qu’on est en train de voir avec détachement ce qui aurait pu se passer en 1933, quand Hitler est arrivé avec le parti nazi. Trump, les juifs c’est pas son problème. Lui, c’est les Noirs, les immigrés, les pauvres ; tous ceux qui ne sont pas comme lui. ».

Or, après des heures sur Google Earth à passer au crible le désert du Nevada, pas la moindre trace d’un camp de travail pour minorités visibles.

 

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Les dérives se manifestent plutôt dans les universités, comme celle d’Evergreen, où les Blancs, un jour par an, n’ont pas droit de cité ; ou à Yale, établissement réputé où les Asiatiques et les Blancs ont, à dossier comparable, de quatre à dix fois moins de chance que les Noirs d’être admis !

Les résultats économiques du magnat de l’immobilier montrent que les Afro-Américains et les Hispaniques sont les populations chez lesquelles la baisse du chômage a été la plus spectaculaire. Juste avant la crise planétaire du coronavirus, il était passé de 7,8% à 5,9% chez les premiers cités, et de 5,9% à 4,2% chez les seconds. Le taux de chômage national était à son niveau le plus bas depuis cinquante ans, passant sous l’ère Trump de 4,7% à 3,5%, et le Dow Jones, dont dépendent les retraites de nombreux Américains, avait connu en trois ans une augmentation de 55%. Le parti Républicain n’aurait donc pas vraiment opprimé les minorités ethniques, ni totalement sabordé la première puissance du monde. Les récentes chasses aux sorcières lancées aux USA (et les innombrables tentatives de déstabilisation politique, avec en point d’orgue l’acquittement de Trump dans la procédure de destitution) nous invitent plutôt à regarder du côté des Démocrates. 

Trump, un homme de paix

Dans un Occident devenu fou, le discernement dont fait preuve Donald Trump est en effet confondant, voire irritant pour certains. Le protectionnisme qu’il a renforcé est perçu comme une provocation par les ayatollahs du libre-échange. Au contraire d’une Europe qui accepte son déclin et la perte – prétendument inéluctable – de sa souveraineté, Trump n’a cessé de prouver que la nation n’était pas un concept dépassé et obsolète.

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On connait par cœur la musique, et elle en devient lassante. Comme le méchant flic opposé au gentil « jeune », le vilain Trump ne soutient évidemment pas la comparaison avec un Obama magnanime, chouchou des médias dont on préférait faire tourner en boucle les images de la remise du Nobel de la paix, au lieu de zoomer sur un bilan présidentiel moins reluisant. Le désengagement militaire initié par l’actuel locataire de la Maison-Blanche – présenté sans cesse comme belliqueux – contraste pourtant avec les huit années consécutives de conflit des mandats Obama !

Je veux bien essayer de gober les prophéties les plus délirantes, croire que l’idée soutenue par Mathieu Kassovitz d’un film sur Assa Traoré n’est pas le symbole d’une apocalypse culturelle, imaginer que le cinéma français gagnera un jour en humilité… Mais aller jusqu’à penser que le 3 novembre prochain, la victoire du candidat Démocrate au détriment de Donald Trump serait annonciatrice de la parousie, c’est too much !




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