Ceux qui escomptaient de ce second quinquennat un quelconque changement peuvent remiser leurs espoirs. Il commence sous les mêmes auspices que s’est déroulé le précédent. Les récentes déclarations du président concernant l’Éducation nationale en fournissent la preuve éclatante.
Escorté du successeur de Michel Blanquer, le président vient d’annoncer des mesures-chocs, à commencer par le rétablissement des mathématiques dans les filières littéraires. Soit le premier « détricotage », prélude probable à bien d’autres, d’une décision emblématique prise par le ministre précédent.
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Preuve, toutefois, que la théorie du « en même temps » reste en vigueur, les mathématiques sont de retour parmi les matières fondamentales, mais à raison d’une heure et demie hebdomadaire, soit un horaire aussi restreint que ridicule. Voilà qui atténue sensiblement la portée de ce changement. De plus, comme si cela ne suffisait pas à édulcorer cette mesurette, il s’agira d’un enseignement facultatif… Bref, une décision propre à mécontenter tout le monde !
La patate chaude
Autre annonce du Président, la possibilité, pour les chefs d’établissement, de recruter eux-mêmes les personnels enseignant dans leur école, collège ou lycée.
Une décision qui vaut un aveu d’échec. L’Éducation nationale est moribonde, pour de multiples raisons. Le métier est si défavorisé que la crise des vocations bat tous les records chez les enseignants, mal payés, déconsidérés, bafoués tant par leur administration que par les élèves ou leurs parents. Résultat, une crise sans précédent caractérisée, entre autres, par la difficulté du recrutement. Un problème insoluble qui nécessiterait des réformes drastiques si nos gouvernants décidaient de le prendre à bras le corps, ce qui n’est manifestement pas leur préoccupation première. Alors, que faire ? Se débarrasser au plus vite de cette patate chaude pour la refiler à d’autres, fût-ce au mépris de toute légitimité et du principe d’égalité, si souvent proclamé à tort et à travers.
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La seule présence de Pap Ndiaye au côté de Jupiter prouve à l’évidence qu’il cautionne cette politique à la petite semaine, dépourvue d’envergure et de la moindre vision d’ensemble. « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur », écrivait Jean Cocteau. En transposant, mais à peine, le stratège de l’Élysée pourrait dire : « puisque ces problèmes nous dépassent, chargeons les autres de les résoudre ». Telle est la politique de la patate chaude.