Assassiné par Al-Qaïda deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001, le commandant Massoud avait alerté les Occidentaux des dangers du terrorisme islamiste, sans être écouté. Il jouit d’une bonne image chez nous. Pourtant, dans un pays terriblement rétrograde et en guerre, la plupart des Afghans gardent un souvenir mitigé de lui.
Il y a vingt ans, le commandant Massoud était assassiné par deux djihadistes d’al-Qaïda qui s’étaient présentés à lui comme journalistes. La mort de cet ennemi des Talibans, francophone, lettré et stratège hors pair, l’a mythifié. Son choix de défendre des élections libres et les droits des femmes ont renforcé son hagiographie en Occident, surtout en France. En Afghanistan, Massoud ne fait pas l’unanimité, le mur de la légende est lézardé par le souvenir des crimes de ses hommes et alliés contre des civils. Probablement est-il nécessaire d’aborder sous différents angles ce passionné de géométrie, afin de récuser autant que possible tout risque de manichéisme.
Massoud était la complexité même : il appartenait à un parti islamiste, le Jamiat-e-Islami, mais il ne lisait pas les écrits du Frère musulman Sayyid Qutb qui inspirent les djihadistes ; au contraire, mystique, il s’imprégnait quotidiennement de L’Alchimiste du bonheur du soufi al-Ghazali. Il acceptait la tiédeur religieuse de ses frères et sœurs alors qu’il dirigeait le Front uni islamique et national pour le salut de l’Afghanistan – péjorativement surnommé Alliance du Nord par les généraux pakistanais qui ridiculisaient son importance géographique. Et, bien qu’il s’alliât avec des fondamentalistes, il refusa l’offre des Talibans qui lui proposaient de gouverner avec eux. Il préféra regagner sa vallée pour leur résister.
Un guerrier préférant la stratégie à la force brute
Lorsque Léonid Brejnev envoie ses forces après le coup d’État renversant
