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Masques: la peur sur ordonnance

Le masque envahit nos rues et nos vies


Masques: la peur sur ordonnance
Piscine d'un centre thermal à Cabourg, 27 juin 2020 © Laure Boyer / Hans Lucas.

Le masque envahit nos rues. A mesure que gouvernants et gouvernés s’accordent à rendre son port obligatoire, la peur devient une vertu civique. L’obsession des premiers pour la santé publique répond à la demande prophylactique des seconds. Bienvenue dans l’infantilisation volontaire.


« Port du masque obligatoire. » Boutiques, bistrots, musées, bureaux… : tout ce que la France compte de lieux publics fermés s’est couvert de panonceaux et d’autocollants frappés de cette injonction. Pour les aveugles et les analphabètes, le message est redoublé dans les couloirs du métro et les gares par des voix crachées de haut-parleurs proclamant que la RATP et la SNCF se préoccupent de ma santé. Cette sollicitude, qui me donne sottement envie de hurler de laisser ma santé tranquille (et d’autres choses moins châtiées), ne semble pas déranger grand monde. Beaucoup moins en tout cas que les rares récalcitrants (des distraits le plus souvent) qui se baladent à visage découvert et s’attirent regards furibonds, insultes ou sermons. On dirait que la vue d’une bouche souriante ou d’un bout de nez est devenue bien plus choquante que celle de fesses à l’air. Plusieurs reportages ont ainsi montré comme un bel exemple à méditer ces naturistes arborant fièrement leur feuille de vigne faciale en nu intégral. 

Sur fond de crise sanitaire, la France est devenue le pays des droits de l’homme de se mêler des affaires de son prochain. Conséquence, une palanquée d’agents supposément dépositaires d’une autorité – policiers, gendarmes, contrôleurs, hôtesses de l’air, et maintenant inspecteurs du travail et professeurs, sans oublier les journalistes embedded dans la guerre sanitaire – sont désormais investis d’une mission sacrée : faire respecter le port du masque. Trois mille policiers n’ont pu empêcher les pillages et les agressions de la finale PSG-Bayern, le 25 août, mais la Préfecture de police a fièrement annoncé que 404 PV pour non-port du masque avaient été dressés (cette police de la vertu sanitaire doit bien faire marrer les Saoudiens). 

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On dira, et à raison, que la barbarie n’est pas dans le contrôle, mais chez ceux qui frappent ou tuent ceux qui l’exercent, comme Philippe Monguillot, le malheureux chauffeur de bus de Bayonne. Cela ne dispense pas de s’interroger sur la sidérante extension du domaine de la surveillance née de la crise épidémique. La France fait partie du peloton de tête mondial de l’interdit. Et, comme l’ont observé Pierre Manent, François Sureau (voir le débat Finkielkraut-Sureau) ou Bernard-Henri Lévy (dans Ce Virus qui rend fou), si on fait exception de quelques remous sur les réseaux sociaux (dépourvus d’influence réelle, car les médias leur donnent peu d’écho), une large majorité de citoyens applaudit et en redemande. Des Gaulois réfractaires[tooltips content= »Il est significatif que cette formule macronienne, que je trouve plutôt flatteuse, ait été considérée comme injurieuse. »](1)[/tooltips], tu parles Charles – qui


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Septembre 2020 – Causeur #82

Article extrait du Magazine Causeur




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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