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Maryam Pougetoux à l’Assemblée: se lever et partir ou rester?

Le voile, un révélateur de la lâcheté ou du courage de nos élus


Maryam Pougetoux à l’Assemblée: se lever et partir ou rester?
Le 17 septembre 2020, la représentante de l'UNEF Maryam Pougetoux a été autorisée à parler à l'Assemblée nationale dans un accoutrement islamiste. Image: Assemblée nationale.

Jeudi 17 septembre, à l’occasion de la tenue de la commission parlementaire visant à « mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse », une polémique a éclaté. La présidente de la commission avait invité pour y être auditionnée, une femme ostensiblement voilée, la vice-présidente de l’UNEF Maryam Pougetoux. Cela a choqué nombre de députés qui ont quitté la salle. Ce sont essentiellement des députés LR qui ont réagi, mais une députée LREM Anne-Christine Lang a elle aussi eu le courage de partir. Pour Céline Pina, fondatrice de Viv(r)e la République, ces députés ont sauvé l’honneur d’une classe politique très lâche sur ces questions.


 

Ils sont certes encore minoritaires, mais ils ont posé un acte fort. Eux, ce sont ces élus qui ont quitté l’audition de la représentante de l’UNEF pour protester contre l’introduction d’un signe contraire aux valeurs de notre République, le voile, au sein même du Parlement. Ils ont du mérite car la plupart des députés, entre assumer leur devoir de représentation et donner des gages à des mouvements islamistes, ont choisi de trahir leur devoir, d’emprunter le chemin de la lâcheté et de le rebaptiser tolérance et liberté.

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Le voile islamique n’est pas un vêtement

Pourquoi parler de trahison ? Le mot peut paraître fort et excessif. Pourtant il est exact. Tout élu, surtout au niveau national, ne porte pas que son orientation politique propre. Il ne représente pas seulement un camp, il est aussi le garant de ce monde commun qu’est notre constitution, que sont nos institutions et tout ce qui appartient au domaine public. Nous ne sommes pas en guerre civile, autrement dit nous partageons une histoire et une vision commune qui fait de nous un peuple doté d’une identité qui n’est pas ethnique mais spirituelle et que notre constitution explicite. Notre choix de devise, Liberté, Egalité, Fraternité et notre corpus de textes et lois définissent le cadre de notre citoyenneté et de l’action politique. 

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Autrement dit, nous formons une société politique unie parce que nous partageons certains principes et idéaux. L’un des plus importants et des plus symboliques est l’égalité. En France, l’article 1 de notre constitution est limpide : la République « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, ou de religion. ». D’ailleurs le racisme, c’est refuser l’égalité aux hommes à raison de leur origine ou de leur couleur de peau, le sexisme, c’est la refuser au nom des différences sexuelles.

Or le voile n’est pas un vêtement. Un vêtement se porte et s’enlève en fonction de ses envies. Essayez donc de porter un voile un jour et pas le lendemain, et vous comprendrez la différence. Le voile, c’est un signe, un étendard. Il sert à envoyer un message à l’extérieur et ce message est univoque, sa signification ne dépend pas de celle qui le porte. Le message que porte le voile est clair: il signifie le refus d’accorder l’égalité à la femme parce qu’elle est femme, donc inférieure à l’homme. Il marque le refus du corps de la femme dans l’espace public car ce corps est impudique, provocant et sale. Il n’y a pas pire signe sexiste que ce voile. L’honneur de la République est de ne pas accepter sa présence, sauf à considérer qu’au nom d’une religion ou de ses dérives, des croyants ont le droit de s’affranchir du respect de ce qui fonde notre contrat social. Mais auquel cas, si on accepte le sexisme au nom de la religion, à quand l’acceptation du racisme ? Quand on cède sur l’égalité pour les femmes, on finit par ne la défendre pour personne.

Maryam Pougetoux sait qu’elle heurte. C’est fait exprès

Certes, il y a chez nombre de députés une incompétence flagrante: ils ne savent vraiment pas qu’un de leurs rôles consiste à porter et incarner le contrat social qui nous lie et d’en défendre l’esprit autant que la loi. Dès qu’il y a conflit de valeurs, ils ne savent pas opérer de distinction, ni établir des hiérarchies. Ainsi ils se font manipuler d’abord par leur ignorance. Pourtant il faut être d’une abyssale médiocrité pour en arriver à défendre la liberté de se voiler ou pour accepter l’oppression des femmes au nom de la liberté religieuse. C’est confondre en plus la liberté avec le consentement. Imaginez un homme arrivant enchaîné, expliquant qu’il cherche un maître car il a choisi d’être esclave. Cet homme, qui consent à son avilissement, n’est pas un homme libre. C’est la même chose pour la femme sous le voile: consentir à une oppression n’est pas et ne sera jamais une liberté. En refusant de comprendre cela, ces élus qui s’imaginent tolérants, sont en train d’envoyer dans le mur beaucoup de jeunes filles musulmanes.

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Madame Sandrine Mörch, la présidente de la commission, illustre parfaitement l’incapacité politique de trop de nos élus. Parce qu’elle ne comprend pas son devoir, elle ne sait pas quel est son rôle et ne peut donc poser aucune limite. Par peur d’être accusée d’« islamophobie », de rejet des musulmans et parce qu’elle pense que pour son image la lâcheté lui sera plus utile que le courage, elle trahit sa fonction et sert la radicalisation religieuse au lieu de faire vivre la liberté et l’égalité dans une enceinte qui leur sont dédiées.

Le voile de Maryam Pougetoux, responsable de l'UNEF ©STR / AFP
Le voile de Maryam Pougetoux, responsable de l’UNEF, avait déjà créé une polémique en 2018 ©STR / AFP

Le voile n’est pas un signe religieux comme un autre

Mais, me direz-vous, le port de signes religieux est autorisé lors des auditions à l’Assemblée. Certes. D’ailleurs nul n’aurait réagi si cette jeune femme avait arboré un collier avec un croissant par exemple pour manifester sa foi. Le problème c’est ici le conflit de valeurs artificiellement posé entre égalité et liberté religieuse. Or les conflits de valeur, cela existe et ils sont tranchés en fonction de la hiérarchie des normes. Dans notre constitution, l’égalité entre les hommes est un principe supérieur à toute injonction religieuse. Trop de nos députés ne le savent même pas. Mais surtout, en défendant le port du voile au sein du Parlement, la présidente de la commission rend ici un immense service aux islamistes en même temps qu’elle humilie toutes ces femmes qui sont musulmanes et croyantes, mais ne portent pas le voile. Cette obligation et le retour des voiles ostensibles sont liés au prosélytisme islamiste, celui qui prône le séparatisme et nourrit le jihadisme. Ce prosélytisme fait de ce bout de tissu, une façon d’affirmer son rejet de nos principes et idéaux, une manière d’afficher sa puissance et un test permanent de résistance de nos sociétés et d’emprise pour leur communauté. Grâce à Madame Pougetoux, ils ont pu prouver qu’à part chez LR, la gauche et LREM sont prêts à regarder une proche des islamistes cracher symboliquement sur l’égalité femmes/hommes au cœur de l’institution qui fait notre loi. Pire: ces élus-là ne voient aucun problème à attaquer leurs collègues plus conscients et courageux qu’eux. Ainsi ce sont ceux qui ont pris leurs responsabilités et font leur travail de préservation de nos fondamentaux et de notre contrat social qui ont été attaqués et accusés d’intolérance. On en arrive donc à une situation absurde où le refus du sexisme et l’absence de naïveté face à l’offensive islamiste vaut une mise en accusation au nom du progressisme. Merci aux députés qui se sont levés et ont quitté la salle, ils sont l’honneur de la République, là où la présidente de la commission en est la honte.

Silence coupable

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Elisabeth Lévy réagit à la polémique sur l’antenne de Sud Radio lors de sa chronique



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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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