Les armoiries aux quatre serpents sont peu à peu remisées, sur ordre de Paris…
Un drapeau cristallise les passions en Martinique. Le 5 octobre, le syndicaliste policier Claude Coppel a attiré l’attention des caméras sur les armoiries aux quatre serpents fer-de-lance qui flottent sur le fronton du commissariat de police de Fort-de-France.
Ce pavillon de la marine marchande, qu’une ordonnance d’août 1766 a érigé en symbole de la Martinique, est attaqué par diverses associations mémorielles qui exigent son retrait de tous les bâtiments de la République. Son tort ? Avoir été adopté sous l’Ancien Régime, ce qui en fait le symbole de la monarchie ayant édicté le Code noir et rappellerait à certains Martiniquais leur passé d’anciens esclaves.
Lors de sa visite en Martinique en 2017, Emmanuel Macron avait fait retirer cet insigne des uniformes de la gendarmerie. « Pourquoi l’hôtel de police […] en est-il toujours porteur ? » s’est indigné Claude Coppel le mois dernier.
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Il y a deux ans, le Mouvement international des réparations ainsi que le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) avaient déposé plainte pour dénoncer le caractère raciste de cet emblème. Sur les réseaux sociaux, une vidéo du chanteur martiniquais Saaturn brûlant ce drapeau a rencontré un vif succès, manquant de provoquer un violent débat entre les békés, descendants des anciens colons blancs, et les mouvements indépendantistes décidés à obtenir sa disparition définitive de l’île.
Interrogé par la presse locale, le directeur départemental de la sécurité publique observe que ce symbole apparaissait depuis des décennies sans que personne n’y trouve rien à redire. Toutefois, deux jours après le coup d’éclat du commissariat, les habitants de Fort-de-France ont constaté que les armoiries de la Martinique avaient disparu. Sur ordre direct de Paris, d’après la chaîne télévisée Martinique Première. « C’est fait, c’est tant mieux et on passe à autre chose », a simplement déclaré Claude Coppel. Le bonheur, c’est parfois simple comme un coup de censure.