Plusieurs internautes se sont étonnés de la réduction de textes dans les livres pour enfants « Martine ». Mais c’est un peu plus compliqué que ça…
Le niveau des mouflets étant en baisse constante, adapterait-on la collection bien connue des albums de « Martine » pour la rendre plus facile d’accès ? C’est une lourde accusation. Les internautes s’en inquiétaient la semaine dernière en comparant les anciens albums aux nouveaux, où les mots les plus élaborés d’autrefois semblaient avoir été écartés.
Sur Twitter, Benjamin s’indigne: « Le niveau a baissé. On s’adapte ». Wesley, un autre utilisateur du réseau social, raille: « La prochaine étape sera-t-elle le langage SMS ? » Un troisième, Marc, est carrément inquiet: « Réduire le champ de l’expression permet de réduire le champ de la pensée. Et les résultats seront d’autant plus spectaculaires que les sujets auront été soumis très tôt au processus. L’abêtissement généralisé facilite le contrôle des masses, et elles semblent y consentir… »
Traduction : le niveau a baissé. On s’adapte. pic.twitter.com/1Sr1Ww1vr7
— Benjamin (@BidaultBenjamin) December 12, 2020
Une fake news de plus?
Intrigués, les décodeurs du Monde ont interrogé sur le sujet la directrice de Casterman Jeunesse en charge de la collection.
Céline Charvet confirme et défend le raccourcissement des textes, mais indique qu’il s’agit d’« un choix complètement réfléchi » qui s’explique autrement. Elle révèle que l’éditeur souhaite en réalité que la série des Martine puisse s’adresser aux enfants dès l’âge de quatre ans, contre sept auparavant. L’accusation de nivellement par le bas tombe ainsi à l’eau. De plus, Casterman propose en réalité différentes collections. Aux côtés des albums d’autrefois, on retrouve plusieurs versions des mêmes histoires: « Je commence à lire avec Martine », « Mes premières histoires avec Martine » etc.
La logique de l’époque
Mais au-delà de l’appauvrissement du texte qui a choqué, le lifting progressiste de certains titres peut aussi énerver certains réacs. « Après la mort de Marcel Marlier, Casterman a décidé de réécrire les albums de Martine pour qu’ils puissent encore s’adresser à un public contemporain » expliquent nos confrères du Monde. Depuis 2016, Martine petite maman est ainsi devenu Martine garde son petit frère, un titre dénué des fameux stéréotypes de genre qu’on veut à tout prix éviter.
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L’éditrice explique que l’album en question avait été « écrit à une époque où on assignait aux petites filles un destin de futures mamans ». Cette sombre époque étant révolue, désormais Martine s’occupe de son frère cadet, ce qui est « plus logique ».
Martine n’étant pas franchement un apport des plus significatifs à notre littérature, même enfantine, nous ne lancerons aucune pétition contre ces décisions éditoriales contestables.
Reste qu’il n’est effectivement pas rassurant de constater que plusieurs livres pour enfants aient été simplifiés ces dernières années. Et si la prochaine étape de simplification concernait les romans de Victor Hugo, laisserait-on faire ?
On déplore le niveau en français de nos enfants, mais ils peuvent peut-être se rattraper en mathématiques ? Malheureusement, la dernière étude TIMSS vient de révéler qu’en la matière, en classe de CM1, la France était en queue de peloton de l’Union européenne. Martine bonnet d’âne et au coin!
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