Une tribune libre de Jean Messiha
Comme l’État qu’il incarne, un président de la République est partout chez lui en France. Ainsi la visite présidentielle XXL de Macron dans la cité phocéenne n’a rien d’exceptionnelle si ce n’est par sa longueur (trois jours) et le caractère très particulier de son objet : déverser des milliards sur le Maghreb… en France. Marseille grande ville maghrébine ? « Une grossière exagération, une outrance de plus de Messiha », diront mes détracteurs.
Je les invite (et vous avec) à une petite déambulation que j’ai effectué au cœur de la presse algérienne.
Un parfum d’Algérie
Commençons par cet article d’Algérie Matin en date du 31 mai 2019 et titré : « Les Algériens de Marseille : horizon 2020 ». Petit dialogue entre amis, rapporté par la journaliste Zina. « Il y a combien d’Algériens à Marseille ? 200 000 je crois, pourquoi ? Bah… Marseille c’est 800 000 habitants ; ça veut dire qu’un habitant sur quatre est Algérien, ça pèse quand même ».
Et Zina de forcer encore le trait quelques lignes plus loin. Non, ce n’est pas 200 000 mais 300 000 sur 869 994 en 2019, prend-elle le soin de préciser avant de s’enthousiasmer sur le fait qu’un habitant sur trois est « DZ » (nom que l’on donne à l’Algérie sur les plaques d’immatriculations). Je vous passe le reste de l’article, qui s’étonne qu’avec un tel poids démographique, les « DZ » n’aient pas encore pris le contrôle politique de la ville. 300 000. Ne serait-ce pas un chiffre gonflé par une Algérienne un peu optimiste ? Pas si l’on en croit le très sérieux magazine, bien français celui-là, Marianne qui, dans un article du 6 mars 2019 sur la présidentielle algérienne, reprenait exactement le même chiffre. Plus récemment un site de voyages algérien, « Visa-Algérie.com » pour ne pas le nommer, livrait un petit reportage sous le titre : « Marseille de la porte d’Aix à Noailles : un parfum d’Algérie ». Et cette fois l’auteure, Soraya Amiri, y va franco. Elle rappelle que la seconde ville de France est appelée par les Algériens la « 49eme Wilaya » (équivalent du département en France).
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Et quid du reste du Maghreb c’est-à-dire les communautés marocaines et tunisiennes ? Ces derniers sont 60 000. Qui le dit ? France Bleu Bouches-du-Rhône du groupe Radio France, dans un reportage du 19 mars 2015. Concernant les Marocains, là, le chiffre est plus difficile à connaître. Mais en extrapolant sur Marseille la proportion d’immigrés marocains dans la population totale des Bouches du Rhône, soit 3,7% (source INSEE), on obtiendrait 40 000 personnes.
Le cumul atteindrait donc 400 000, statistique qui ne tient évidemment pas compte du pullulement de clandestins du Maghreb, sous le regard effaré de la Bonne Mère. Allez, topons à 450 00 et on en parle plus.
Mais il y a aussi les Comoriens, non ? C’est vrai, mais ce n’est pas une population arabo-berbère, quoiqu’elle soit aussi musulmane sunnite. Elle compte au bas mot 50 000 âmes et sans doute 80 000. Sans oublier les Sénégalais, Maliens, etc.
50 pour cent?
Ainsi, largement plus de 50% de la population marseillaise est donc maghrébine et noire-africaine.
Le candidat Emmanuel Macron connaissait pertinemment ces réalités, lorsque, dans un discours électoral prononcé à Marseille entre les deux tours de la présidentielle de 2017, il déclamait une anaphore en citant une à une toutes les communautés qui désormais font la ville, en finissant par un « tous Français » peu convaincant…
Contrairement à ce que des démographes progressistes nous diront, ce phénomène n’est pas très ancien. Dans les années 60, la deuxième ville de France était encore provençale, italienne, arménienne et pied-noir. C’est seulement à partir des années 70 que l’invasion se déploie lentement mais inexorablement et que Marseille perd chaque année un peu plus son « européanité » méridionale. Elle est passée au fil du temps de ville globalement sud-européenne à une cité minoritairement française recroquevillée dans sa partie sud et, pour toute sa partie nord, la plus peuplée, en une vaste médina. Sa situation économique et sociale est le reflet de sa composition démographique. Algérienne pour une grande partie, ce qu’elle est devenue reflète pour une grande part le « génie algérien ». Un « génie » qui a fait de ce pays magnifique bourré de richesses, à qui la France a légué non seulement des infrastructures dignes d’un pays développé de l’époque mais également un Sahara gorgé d’hydrocarbures en exploitation, un modèle de mal-développement.
Il reste toutefois un paradoxe. La ville phocéenne est dirigée depuis toujours par des « Français de souche ». Alors n’ont-ils pas une part de responsabilité dans cette situation ? Bien sûr que si. L’élite politique marseillaise qui n’a jamais brillé par son intégrité et son sérieux a pratiqué un clientélisme ethniciste cynique afin de s’accrocher au pouvoir.
Un port qui perd des parts de marché
Économiquement, son statut de premier port méditerranéen s’est érodé petit à petit, miné par une caste de voyous : les dockers CGT, branleurs invétérés qui feraient passer « les municipaux » des Chevaliers du Fiel pour des stakhanovistes. Abonnés aux grèves dures pour préserver leur statut et leur rythme de travail iniques (en 2010 un grutier bossait 12 heures par semaine pour 3 500 euros mensuels), ils ont paralysé le port des dizaines de fois et des centaines de jours depuis 30 ans. Résultat : malgré sa formidable situation géographique et des infrastructures autoroutières et ferroviaires excellentes, les armateurs ont réduit la voilure et lui ont préféré Gênes, Barcelone et surtout Valence. Pour preuve, la Cour des Comptes révélait dans un rapport de 2011 que le Grand Port de Marseille-Méditerranée avait vu sa part de marché en Méditerranée passer de 28% à 16% de 1980 à 2010. La mafia cégétiste blâme le manque d’investissements de l’État pour expliquer ce déclin. Mais comment investir dans un port tenu par des saboteurs ? Ceci dit, la responsabilité de l’État reste tout de même engagée car il fallait évidemment vider ce port de ce gang de dockers et opérer un « grand remplacement » qui lui, pour le coup, eut été salutaire. La ville de Marseille est ainsi devenue un boulet pour la nation.
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Le taux d’emploi y est de 55,6% contre une moyenne nationale de 65,6%. Le chômage atteint 17%, soit le double de la moyenne nationale. Le taux de pauvreté culmine à plus de 26% alors qu’en France il est de moins de 15%. Ce n’est nullement la fatalité d’être une ville portuaire méditerranéenne. Avec leurs performances, ses rivales italiennes et espagnoles le démontrent. Le problème majeur c’est la tiers-mondisation et l’enracaillement de la cité phocéenne. Cette ville, naguère formidable, doit être mise sous tutelle d’un État fort et national pendant des années afin de d’espérer renaître.
« Raser, reconstruire et repeupler »
Mais ne nous leurrons pas : la France ne la récupèrera pas complètement car, comme dirait Manuel Valls, il faudrait « raser, reconstruire et repeupler ». Or repeupler signifierait « rémigrer » des gens qui sont devenus Français (et dont une minorité mérite parfaitement de l’être) ce que notre attachement au droit ne nous permettra pas de faire. Mais nous devons impérativement empêcher que cette gangrène ne gagne le reste de la France. Vous me direz que c’est déjà le cas dans le 9-3 et dans bien des quartiers de nos agglomérations. Oui, mais pas encore au niveau d’une ville immense qui a complètement basculé dans l’altérité et le Tiers-monde.
Macron a peut-être raison de lancer un grand plan pour Marseille. Mais sans grand plan contre l’immigration et sans un grand plan « justice et prison », cela équivaut à « pisser dans un violon ». On ne soigne pas un cardiaque ravagé par l’alcool, le tabac et la malbouffe en ne lui filant que des médocs et des vitamines. Il faut aussi qu’il arrête de boire, de fumer et d’ingurgiter du cholestérol. Marseille a besoin d’un « en même temps ». Y investir ET la nettoyer de tous les clandestins et de tous les étrangers qui n’y foutent rien, y foutent le bordel et souvent les deux. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux au pied de Notre-Dame-de-la-Garde. L’un sans l’autre cela ne marchera pas.
Vous me direz qu’il n’y a pas que la cité phocéenne qui a besoin d’une telle politique. Et vous aurez raison.
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