Enfin une bonne nouvelle ! Et quand on est de gauche, ces temps-ci, on a besoin : inutile de rappeler pourquoi. Primo : une droite arrogante, jusque dans le gouvernement puisqu’un infiltré des Républicains nommé Emmanuel Macron se fait passer depuis plusieurs mois pour le ministre des Finances d’un gouvernement socialiste. Il a abusé la confiance d’un président distrait qui ne s’aperçoit pas qu’en moins de quelques semaines ledit Macron, en général devant le Medef ou des journalistes mais jamais devant un congrès syndical ou une assemblée de militants, nous a expliqué que les 35 heures était une aberrrration (avec trois ou quatre r comme aimait à le dire le baron Ernest-Antoine Seillière), que les fonctionnaires étaient des feignasses surprotégées statutairement (sauf la police car la police, ça peut toujours servir), que le libéralisme était de gauche ou que la vraie gauche était libérale, on ne sait plus trop. Et enfin que les élections étaient une vieille chose inutile.
Secundo : une extrême-droite au mieux de sa forme, tellement au mieux de sa forme qu’elle a contaminé la droite. Vous avez entendu Nadine Morano et la race blanche ? Quand bien même elle aurait été envoyée au casse-pipe chez Ruquier, quand bien même elle a été interdite de tête de liste pour les Régionales, on voit bien, comme on dit en psychanalyse, qu’un certain surmoi a sauté (celui qui existait chez Chirac et encore un peu chez Juppé, Fillon, ou Lemaire) et que c’est le ça qui s’est exprimé par sa bouche.
Tertio : la gauche de gauche, qui aurait une chance historique (les Grecs, et pas seulement ceux de Syriza, appellent ça le kaïros) de passer devant le PS, de le « pazokiser » mais qui se balkanise à la veille des régionales comme jamais, abîmées dans des querelles boutiquières alors que le FN est aux portes et du Nord et du Sud.
Tertio : la guerre. Eh oui, la guerre… Qu’il est loin le temps de 2003 quand Villepin demandait à tout le monde de réfléchir avant de dégainer. Que vous émettiez, ces temps-ci, la moindre réserve sur l’opportunité de bombarder l’Etat Islamique au nom de l’Occident parce qu’il y aura forcément des civils qui vont mourir et que les enfants de ces civils, eux, vont trouver que tout ça est quand même un peu difficile à admettre surtout quand ça dure plus ou moins depuis un quart de siècle, vous voilà traité de munichois, de pied plat, de remplaciste, de réformé. Y compris par des gens qui n’ont pas fait leur service militaire et ne savent même pas remonter une tête de Mickey sur un Famas.
Bref, il y a de quoi sérieusement déprimer.
Mais voilà que l’on nous apprend qu’il y a de l’eau sur Mars. Oui, de l’eau ! Qu’il y en a eu, qu’il y en a, qu’il y en aura encore. Cette fois-ci, craché, juré, ce n’est pas un bobard ! On était habitué à ce que la Nasa nous survende le truc, histoire de justifier son budget et de nous faire oublier les rêves de notre enfance sur la conquête spatiale, tout de même plus sexy que l’envoi de boites de conserve dans la stratosphère pour nous permettre de regarder la télé et aussi d’être regardés par toutes les NSA du monde, histoire de vérifier qu’on ne prépare pas un attentat islamiste ou l’occupation d’une ZAD comme du côté du barrage du Testet où l’on va bientôt célébrer la première année de la mort de Rémi Fraisse tué par une grenade des gendarmes mobiles.
Alors, Mars, pourquoi pas ? On nous dit que les voyages habités et l’installation de colonie pourraient être facilités grâce à cette eau. Pourquoi ne pas tout recommencer là-bas, réussir enfin une expérience réellement socialiste, conseilliste ou autonome ? Bâtir des phalanstères dans les Canaux ? Des Communes sur le Mont Olympe ou sur les Hauts Plateaux de la Terre des Sirènes ? On appellerait la capitale Bradbury, en hommage à Ray et ses Chroniques martiennes.
Là-haut, plus de guerres, plus de tweets, plus de Ruquier, plus de bruits de bottes, plus de chômage de masse, plus de filles qui mangent debout dans la rue avec un casque sur les oreilles.
Et on saurait, enfin, pourquoi elle est surnommée la Planète rouge.
*Photo : Pixabay.
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