
À tout moment, l’homme pense que l’heure est grave, mais quand pour lui l’heure la plus grave est arrivée, tombant dans l’ultime chausse-trappe que la vie lui tend, il n’est plus là pour s’en apercevoir. Si j’ouvre mon texte par cette maxime de sagesse élémentaire – certains diront « primaire » –, c’est que j’ai vu, lu, entendu les inquiétudes que suscite parmi les esprits d’élite l’arrivée de Marlène Schiappa au secrétariat d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Or je sais que les choses sont toujours moins graves qu’on le pense et, gentil garçon, je voudrais que chacun passe avec bonheur le bel été que je vois naître, installé sur ma terrasse biarrote. Qu’on ne m’en veuille donc pas si, égayé par le défilé des mouettes, ailes de pétales blancs ouverts sur la mer joyeuse, j’écris ce qui va suivre dans un souci d’apaisement et de réconciliation générale.
Il est vrai que le spectacle de Marlène Schiappa a de quoi affoler les populations. Vêtue de tailleurs pastel, teint mat, griffes longues peintes en rouge, chevelure or et châtain tombant en cascade sur une silhouette de chaude panthère évadée d’une crique sicilienne, Marlène Schiappa s’exprime à l’aide d’une voix sortie de la région supérieure des naseaux, émettant en continu des fréquences suraiguës qui pourraient être celles d’un violon démantibulé auquel il ne resterait plus qu’une corde. Le vacarme est éprouvant. D’autant qu’il arrive
