Mark Twain, “Le chien télégraphiste & autres textes rares”, lecture d’été savoureuse
Mark Twain (1835-1910), écrivain autodidacte né dans le Missouri, nous revient avec Le chien télégraphiste et quelques autres textes inédits en français ou qui ne parurent pas de son vivant. On le connaît surtout pour être l’auteur des Aventures de Tom Sawyer et d’Huckleberry Finn ; moins pour ses écrits courts, drôles, subversifs, absurdes, publiés dans divers journaux.
Présentée par Thierry Beauchamp, spécialiste de littérature américaine, cette édition de poche (Le Passeur) réjouira les amateurs qui refusent l’esprit de sérieux. Elle couvre une période de plus d’un demi-siècle, de 1852 à 1907, soit presque la totalité de la carrière littéraire de Marc Twain. Ce dernier, précise Beauchamp, « était un génie prolifique dont la méthode de travail consistait à faire feu de tout bois ». Twain écrivait plusieurs livres à la fois ; il en interrompait deux, finissait le troisième, tout en reprenant le quatrième. Sa table de travail était un vaste chantier naval. Un point commun à tous ces bateaux en cale sèche : la fluidité du récit. C’est vrai qu’on ne s’ennuie jamais à le lire ; c’est donc une lecture d’été, agréable et divertissante, dont il ne faut surtout pas se priver. C’est énergique, ça provoque le rire, même si parfois le démon farceur cède à la tentation du pessimisme. On le constate en particulier avec « Le chien télégraphiste », datée de 1907, soit trois ans avant sa mort. La vie n’a pas épargné l’écrivain : il a perdu sa fille Susy et son épouse Olivia, sa plus fidèle conseillère littéraire. Sans verser dans le cynisme, la nouvelle en question est une sorte de western crépusculaire, un peu comme les trois derniers films de John Wayne. On ne croit plus aux idéaux, le septième de cavalerie n’est pas composé que de braves, des renégats blancs renseignent les guerriers peaux-rouges qui se font trucider par dizaines. C’est assez désabusé. Quant au petit chien Billy, il va subir la méchanceté des hommes.
Mais je rassure le lecteur : tous les textes ne présentent pas la même tonalité. L’ensemble est plutôt drolatique, à l’image de « L’interviewer interviewé ».
Mark Twain, Le chien télégraphiste & autres textes rares et savoureux, Le Passeur Poche. 213 pages
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