Mariton et Le Maire unis contre Sarkozy


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« Ça ne sert à rien de dire qu’on est contre la GPA et la PMA si on n’abroge pas la loi Taubira ! » Une explosion d’applaudissements et de clameurs s’élève d’une salle de l’Equinoxe surchauffée. Le public a fini par arracher le mot « abrogation » à un Nicolas Sarkozy pressé de répondre sur l’avenir de la loi Taubira. Sens Commun, mouvement crée au sein de l’UMP un an après la Manif Pour Tous, a réussi à imposer ses thématiques à sa famille politique.

Lancé en avril 2014, Sens Commun réalise un travail d’influence efficace. Le mouvement est parvenu à drainer nombre de jeunes ayant fait leurs classes militantes dans les rangs de la Manif Pour Tous. La volonté de revenir sur le mariage homosexuel est leur baptême, l’objectif de faire de l’entrisme à l’UMP leur credo. Se refusant à n’aborder qu’un seul sujet, les cadres de Sens Commun ont également développé des argumentaires et des propositions sur la politique étrangère, lors de la crise en Ukraine, ainsi que sur l’éducation. Ce samedi 15 novembre, le mouvement organisait le seul débat de la campagne pour la présidence de l’UMP

Réunies dans la salle de l’Equinoxe, à Paris, 3 000 personnes avaient fait le déplacement pour écouter les trois candidats. Premier arrivé, Bruno Le Maire est copieusement hué et sifflé pour son abstention favorable au mariage homosexuel. « Je ne voterais jamais pour toi ! » hurle un militant. Un acte qu’il assume envers et contre tout : « nous aurions dû légaliser le contrat d’union civile en 2007 ». Il affirme que revenir sur le mariage pour tous est impossible. « Méfiez-vous de ceux qui vous promettent l’abrogation de la loi Taubira !», prévient-il. Le député de l’Eure reprend du poil de la bête en critiquant la politique éducative : « l’éducation appartient exclusivement aux parents ! », martèle-t-il. Malgré une citation du Pape François sur la politique comme service des autres à la rescousse, l’ancien ministre n’est pas épargné par le courroux de la foule.

Autre ambiance lorsque Hervé Mariton entre en scène. Tel une rock star, il reçoit un accueil délirant, et savoure ce triomphe personnel. Se sentant en terrain conquis, il développe à son aise son programme pour l’UMP et la droite française, détaille sa vision libérale de l’économie, rappelle son engagement en faveur des chrétiens d’Orient. « La famille est moins abîmée que certains le disent, et plus en danger que d’autres le pensent » affirme-t-il, en ayant soin de rappeler sa position sur la loi Taubira : « Il faut l’abroger, ce qu’une loi a fait, une loi peut la défaire ! »

Opposés sur le mariage homosexuel, Mariton et Le Maire sont unis contre Sarkozy. L’un et l’autre éreintent l’ancien président de la République. « Ne faisons pas du parti l’écurie d’un seul homme ! » s’alarme le député de la Drôme. « Changer le nom du parti, c’est avouer que l’on ne va rien changer », tacle de son côté Bruno Le Maire.

Nicolas Sarkozy fait ensuite son entrée dans un silence relatif. Le respect pour la fonction présidentielle vole cependant en éclats lorsque le candidat fait mine de ne pas se prononcer clairement sur le mariage homosexuel. Mis en difficulté, il riposte : « Vous avez été caricaturés, ne soyez pas caricaturaux ! » Il fait également appel à des thèmes chers à l’électorat de droite, l’immigration, l’Europe, le refus de Schengen, qui suscitent des applaudissements en sa faveur. La salle bascule définitivement lorsqu’il finit par concéder l’abrogation de la loi Taubira, avec conservation du mariage homosexuel, distinct du « mariage hétérosexuel ». L’ambiguïté semble cependant apaiser la foule, persuadée d’avoir fait plier le champion de l’élection.

Au-delà des positions des candidats, le meeting de Sens Commun marque la victoire d’une tendance. Fait historique, un mouvement militant issu de la base a fait plancher les candidats du grand parti de droite sur des sujets de société. La ligne de Laurent Wauquiez, très applaudi, bénéficie d’une dynamique forte. Ses positions fermes sur la famille, protectionnistes sur l’Europe, ont reçu le soutien enthousiaste du public.

Le rassemblement de Sens Commun rappelle les « Values Voters Summitts », organisés chaque année aux États-Unis par le Parti républicain. Les militants y élisent les candidats qui représentent le mieux leurs valeurs, essentiellement morales. En France, c’est une première.

*Photo : Thibault Camus/AP/SIPA. AP21653614_000003. 



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