Voilà une foule qui n’entend pas faire le ramadan ! En meeting ce dimanche au Dôme de Paris, Porte de Versailles, Marion Maréchal a lancé sa campagne des élections européennes. Les discours étaient calibrés pour plaire aux déçus chez LR et au RN, et réaffirmaient la volonté farouche de « Reconquête !» de lutter contre l’islamisation du continent européen. « Jamais ! Même pas en rêve, même pas en cauchemar, nous ne pouvons pas être musulmans, nous ne le voulons pas ! » a notamment déclaré Éric Zemmour à la tribune. Causeur est allé écouter.
Quatre-vingt-dix jours ! C’est le temps qui sépare le coup d’envoi du meeting organisé par « Reconquête ! » ce dimanche 10 mars du scrutin européen de juin prochain. Marion Maréchal réunissait un parterre de militants et cadres du parti, porte de Versailles.
Le paradoxe Marion Maréchal
Depuis le début de l’année, il est difficile de vivre dans l’ombre de la bardellamania. Crédité de près de 30% dans les sondages, rien ne semble arrêter le jeune président du Rassemblement national.
Au même moment, Marion Maréchal, tête de liste « Reconquête ! », dévisse d’un demi-point dans le sondage d’Elabe, l’institut qui place le plus bas le parti d’Éric Zemmour depuis le début de la campagne. Un demi-point de perdu : de quoi redescendre en dessous de la barre des 5% ? La perspective de n’envoyer aucun député à Bruxelles en juin prochain ? C’est peu probable.
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Alors, quand les cadres du parti se réunissent ce dimanche matin, en amont du meeting, Philippe Vardon, directeur de la communication militante et électorale, remobilise ses troupes : « Depuis le début de la campagne, nous sommes à une moyenne de 6,7%. Les sondeurs les plus fiables sont ceux qui nous placent le plus haut ». C’est qu’il y a pour l’instant un paradoxe Marion Maréchal : elle est la quatrième personnalité préférée des Français, selon l’IFOP ; et pourtant, le fait qu’elle sera à la tête d’une liste concurrente de LR et du RN n’a pas encore été bien intégré par tous les électeurs français. « À Nice, dans un territoire très favorable à la droite nationale, le maire, qui a de très bons outils pour mesurer le terrain, observe que la moitié des électeurs n’ont pas encore intégré que Marion mènera une liste en juin ». Le meeting, diffusé sur les chaînes d’information, était donc l’occasion de rattraper ce déficit de notoriété, au-delà des habitués et des encartés.
Olivier Ubeda toujours en coulisses
À « Reconquête ! », le meeting est un art que l’on maîtrise à la perfection. Les musiques d’intro sont un peu moins épiques que lors de la présidentielle de 2022 mais Olivier Ubeda, toujours à la manœuvre, continue de déambuler avec ses baskets et de distiller ses ordres. En 1964, les Beatles assuraient la première partie de Sylvie Vartan à l’Olympia. Pour Marion Maréchal, ce sont Stanislas Rigault, Guillaume Peltier, numéro 2 de la liste, Nicolas Bay, Nicola Procaccini (député italien du groupe ECR) et Éric Zemmour qui tour à tour se succèdent. « Es-tu prêt demain à voir ta sœur voilée, ta grand-mère agressée, ton église remplacée et ta liberté de vivre balayée ? (…) Demain, un seul enjeu : voulez-vous que l’Europe devienne musulmane ? », demande Guillaume Peltier. L’enjeu civilisationnel, pour « Reconquête ! », est non plus seulement français, mais européen. C’est pour cela que les grands noms européens sont évoqués au même titre que les grands noms français. Mais aucun pour rivaliser à l’applaudimètre avec Napoléon et Charles de Gaulle. Éric Zemmour laisse même jouer quelques notes de Mozart en plein discours, pour illustrer le génie européen.
Adoubée par le chef du parti, la tête de liste Marion Maréchal va pouvoir prendre la parole. Pendant que l’ancienne députée du Vaucluse monte à la tribune, un court film est projeté, qui se termine par l’image d’une immense salle de prière bondée de fidèles musulmans. Bronca générale dans la salle. Marion Maréchal continue d’appuyer sur les fondamentaux : « Je veux que chacun d’entre vous en ait conscience : il y a désormais deux peuples sur notre terre, deux France « face à face », deux France qui se font face. Deux France qui ne rient plus aux mêmes joies, ne pleurent plus aux mêmes peines, qui ne communient plus dans un même idéal commun » s’exclame-t-elle.
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Droites dispersées
Lors de sa fondation, la promesse de « Reconquête ! » était l’union des droites. Alors cette fois-ci, à l’évocation des formations concurrentes, les coups ont été plutôt mouchetés. Aux frexiteurs et souverainistes, Éric Zemmour et Marion Maréchal ont fait des appels du pied. La formation de droite nationale peut aussi engranger des voix auprès des électeurs de droite n’aimant pas ce président Macron qui, quoiqu’à la tête d’un État en quasi-faillite, se pose en chef de guerre pour l’Ukraine, et aussi en directeur de conscience du continent avec son idée d’européaniser l’IVG ! Le président du parti a pu affirmer : « Gardons tout ce qu’il y a de bon dans l’idée du Frexit, la souveraineté, l’indépendance, la nation, le refus de l’uniformité et de la bureaucratie ». À l’adresse des électeurs LR et RN, ça a été même une effusion de sentiments. « On vous aime », scande le public, en direction des familles dispersées de la droite. La main est tendue, et si ce n’est pas pour cette fois, ça sera pour la prochaine : « Vous ne nous rejoindrez peut-être pas, ou pas tout de suite, mais, dans l’isoloir, je le sais, vous penserez que votre vrai bulletin, c’est celui de Marion ».
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