Marine Le Pen est indésirable à la panthéonisation de Missak Manouchian, mercredi 21 février. Du moins, c’est ce qu’a affirmé le président Macron dans L’Humanité, lundi. Il nous donne le tournis ! Marine Le Pen est invitée car il n’a pas à «faire le tri entre les élus», nous dit-il. Et puis il fait le tri, ajoutant tout de suite après qu’elle ferait mieux de s’abstenir!
Le Rassemblement national (RN) n’appartient finalement pas à l’arc républicain, de même que « Reconquête ! » et certains élus LFI – seulement certains -, selon Emmanuel Macron. Comme d’habitude, le Macron d’aujourd’hui contredit celui d’hier, lequel critiquait les postures morales d’Elisabeth Borne face au RN. Maintenant, voilà qu’il s’oppose à Gabriel Attal qui déclarait récemment que l’arc républicain, c’est tout l’hémicycle. Comme me l’a dit Céline Pina : ce n’est plus une girouette, c’est un ventilateur !
L’ascension du RN semble provoquer un vent de panique à l’Élysée. D’ailleurs, on persévère dans l’erreur, car cela n’a pas commencé hier. Depuis 40 ans, nous avons droit à des gloussements outragés, F comme fasciste, N comme nazi etc. Cette politique du cordon sanitaire a fait passer le parti de 5 à 25% des voix. C’est à croire que le but de cette politique n’est pas de combattre ce parti, mais d’exhiber sa vertu. Et de plus, cet antifascisme sans fascisme a permis de ne pas voir le danger qui vient : l’islam radical.
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Mais le RN et Marine Le Pen ont une histoire, nous dit-on. Il est tout de même curieux de chercher des poux dans le passé de Marine Le Pen et de le faire dans le journal qui a pleuré la mort de Staline. Le passé des (ancêtres des) uns leur est opposable pour l’éternité, et pour les autres, dont beaucoup ont persisté longtemps dans l’aveuglement, tout est pardonné. En prime, on accepte sans discuter dans la famille républicaine LFI qui pactise ouvertement avec des antisémites avérés. Au présent.
L’assimilation de la Résistance à la gauche est une fantastique réécriture de l’Histoire. Parmi les premiers gaullistes, il y avait le Colonel de la Roques (du 6 février 34 ![1]), il y avait aussi D’Estiennes d’Orves, un monarchiste. Et, sans vouloir être trop désagréable, rappelons que le Pacte germano-soviétique a duré jusqu’en 1941… Certes, il est avéré que Jean-Marie Le Pen a toujours minimisé les crimes de la collaboration, et que lors de la fondation du FN il y avait d’anciens collabos, et pas d’anciens résistants, et une haine envers De Gaulle (liée à l’Algérie française, pas à la Résistance). Mais sa fille dirige le parti depuis 15 ans. Elle a rompu avec fracas avec son père. Et personne n’a jamais trouvé d’elle une déclaration antisémite ou pétainiste. Dernier argument dégueulasse: on dit que Missak Manouchian était étranger et que Marine Le Pen veut arrêter l’immigration. Comme si c’était raciste ! Comme 70 % des Français. Cette assimilation, cela suffit. Évidemment, cela n’a rien à voir avec le racisme. Et penser cela n’empêche évidemment pas d’honorer des étrangers.
Par respect pour les familles, Marine Le Pen n’a pas assisté à l’hommage à Robert Badinter. Pour Manouchian et les 23, le temps du deuil privé est passé. Ils appartiennent à l’histoire de France. Sauf crime de haute trahison ou atteinte à la sécurité de l’État, personne ne peut en exclure un parti légal ou quelque groupe. Au lieu de distribuer des brevets de République, le président Macron devrait se préoccuper des territoires où elle disparaît.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
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[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_6_f%C3%A9vrier_1934