J’aimerais mettre les choses au point à propos du court-métrage dénonçant le mariage forcé des petites filles, réalisé par Lisa Azuelos, et starring une Julie Gayet toute de buzz nimbée. En cherchant à dénoncer une réalité dont il faut légitimement se scandaliser, il met en œuvre une machine idéologique mensongère et perverse, ce qui le rend à la fois pathétique et scandaleux.
Scandaleux, parce que nous savons très bien que les mariages forcés ne concernent en aucun cas les blancs-bourgeois-catholiques qui y sont mis en scène. Cette catégorie de population est à la fois très légaliste et très à cheval sur la doctrine du consentement libre et mutuel, vieille comme l’Église. En portant une accusation sur un faux ennemi, qui plus est avec une subtilité de véhicule blindé à chenilles, il pratique un amalgame particulièrement odieux pour laisser libre cours à un anticléricalisme retors, injuste et gratuit, en sus d’être bien confortable.
Pathétique, parce qu’il n’a pas le courage d’affronter son véritable ennemi, à savoir l’état d’esprit qui existe dans ces familles issues de l’immigration africaine ou asiatique qui, elles, marient réellement de force leurs enfants aux cousins du bled ou de la cité, obligeant d’ailleurs la loi française à faire évoluer les termes de la majorité sexuelle en 2006. Cette réalité particulièrement cruelle fait d’ailleurs l’objet de nombreux rapports précis et documentés, parmi lesquels on peut citer « Le contrat et l’intégration », 2003 ; le rapport Obin, 2004 ; « Le praticien face aux mutilations sexuelles féminines » édité par le ministère de la Santé, 2010 ; la lettre de la CNCDH du 9 juillet 2013 ; etc.
Tout le monde est d’accord pour condamner le mariage forcé, encore faut-il en parler avec le courage de la vérité pour affronter le bon adversaire. Lisa Azuelos, viens te battre si tu es une femme !
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