Accueil Brèves Mariage pour tous : Dans L’Huma, Rémi Zanni prouve que la dialectique bouge encore !

Mariage pour tous : Dans L’Huma, Rémi Zanni prouve que la dialectique bouge encore !


Preuve que l’époque n’est pas toujours à l’immédiateté, une tribune publiée en février dans L’Huma commence à faire le tour de la Toile. Dans ce texte fort bien troussé, Rémi Zanni, 25 ans, s’afflige des réactions pavloviennes de la « gauche progressiste » devant les oppositions au mariage pour tous. Pendant des semaines, plutôt que de répondre sur le fond, anthropologique, politique ou social, « Toute critique, toute contradiction, toute question même se brisèrent sur l’ultime anathème : « Mais, Monsieur, vous êtes homophobe ! » Le lecteur du quotidien communiste note que les amis de Frigide Barjot sont présentés comme  des « personnes malades qu’il convient de soigner » expulsés « au dehors de l’humanité civilisée, vers l’im-monde » ! Procédé libéral s’il en est que de réduire des oppositions politiques à des querelles privées « où tout jugement moral ou politique doit être remisé à l’alcôve et où seuls des liens économiques peuvent subsister ». Zanni cite Lasch, qu’on aimerait voir plus souvent à l’honneur dans le quotidien communiste en lieu et place des sempiternelles bourdieuseries.
Zanni se garde bien de prendre position sur le mariage homosexuel, car ce n’est pas là l’objet,  mais constate simplement : « En enfermant nos opposants au fond de leurs psychés, nous empêchons tout revirement : puisqu’ils sont constitutivement débiles, ils ne peuvent changer d’avis sauf à changer d’être, à devenir quelqu’un d’autre – tâche prométhéenne qu’on ne peut décemment exiger. »
Conséquence logique de ce constat, RZ donne une petite leçon de dialectique  marxiste à qui voudra bien l’entendre : traiter les anti-mariage gay en cas cliniques relève d’une dérive quasi-spiritualiste, au fi des lois de l’Histoire et des structures sociales : si les réacs sont ontologiquement mauvais, on ne voit guère que trois solutions : « les guérir de leur folie, les conditionner, les traiter, les médicamenter ou… les éliminer. »
Zanni, à juste titre, ne perd pas son temps à rappeler aux lecteurs de L’Huma que ces pulsions éradicatrices furent autrefois en vogue dans le mouvement révolutionnaire, avant d’être déclarées contrerévolutionnaires au mitan des fifties parce qu’amorales.
Plus pervers, et donc plus efficace, Zanni, in fine,  ne se place pas sur le terrain des errements du passé mais des dangers pour l’avenir. Sa mise en garde, bien plus politique que philosophique finira peut-être par dessiller quelques camarades plus exigeants que la moyenne sur le caractère contreproductif voire légèrement suicidaire de la doxa actuelle du PCF et de ses alliés : « Nous pourrons certes toujours prononcer de grands discours, dénoncer le beauf, agonir le faf, vilipender le réac, mais notre action même construira ce que nous dénonçons. » Bien vu, bien dit.



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