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Mariage des prêtres: quand Jouhandeau explique, Flaubert se moque

C'était écrit, la chronique de Jérôme Leroy


Mariage des prêtres: quand Jouhandeau explique, Flaubert se moque
pexels

Alors que des affaires de viol et de pédophilie perpétrées par le clergé refont surface, on retrouve dans l’œuvre de Jouhadeau une explication (loin d’une acceptation) appuyée par l’essayiste Christine Pedotti…


« Le jour où je me retrouverai face à Saint-Pierre, je ne veux pas être celui qui aura mis fin au célibat des prêtres ». Cette déclaration du pape François, pourtant très libéral en matière de mœurs, indique une ligne infranchissable.

Si le problème est ancien, il est devenu plus aigu depuis que le prêtre est au cœur d’une société où tout a changé, sauf sa condition. « Autrefois le prêtre ne quittait guère son église. Il y a passé ses journées à prier, à méditer, quand il n’y faisait pas retentir les orgues. Aujourd’hui on a fait de lui un chauffeur de taxi, un cinéaste, un amateur de sport. Si « saint » veut dire « séparé », du moment que le prêtre ne mène plus une existence à part, il tend à se conduire en profane et de là à profaner sa vocation, il n’y a qu’un pas », constate Marcel Jouhandeau dans Trois crimes rituels pour expliquer, à défaut d’excuser, le crime commis par le curé d’Uruffe qui, en 1953, a assassiné sa maîtresse – mineure et enceinte. Le procès, retentissant, interroge déjà le célibat des prêtres. Aujourd’hui, alors que les affaires de viol et de pédophilie se multiplient dans la sphère ecclésiastique, la question est à nouveau soulevée.

Dans un entretien à Témoignage chrétien, Christine Pedotti remarque : « Évidemment, ce n’est pas parce qu’on n’a pas de femme qu’on va agresser des enfants. Ce n’est pas parce qu’on est frustré d’une relation sexuelle adulte qu’on a des relations pédocriminelles. Mais le célibat des prêtres a quelque chose à voir avec la façon dont l’Église considère la sexualité : c’est là qu’il y a un problème. Imposer la chasteté, c’est imposer une vision de la sexualité comme une chose malsaine ».

« J’en ai connu, des prêtres qui s’habillaient en bourgeois pour aller voir gigoter des danseuses ! » s’exclame le pharmacien Homais dans Madame Bovary. C’est que l’interdiction du mariage favorise le rire gras de l’anticlérical mais ne règle rien, comme d’habitude.

Sans doute faudrait-il en revenir au texte original, celui où, dans l’Évangile, Matthieu fait parler le Christ à propos du mariage : « Tous ne sont pas capables de cette résolution, mais ceux-là seulement à qui il a été donné d’en haut. Car il y a des eunuques qui sont nés tels dès le ventre de leur mère ; il y en a que les hommes ont faits eunuques ; et il y en a qui se sont rendus eunuques eux-mêmes pour gagner le royaume des cieux. Qui peut comprendre ceci, le comprenne. »

Il est sûr que cela ne nous avance pas beaucoup…

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Décembre 2022 - Causeur #107

Article extrait du Magazine Causeur




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