Avec son dernier livre, la journaliste Aliette de Laleu a souhaité rendre hommage, et justice, à la sœur du grand compositeur autrichien. Maria Anna Mozart n’a pas eu le même destin que son petit frère. Comment l’expliquer ? Par son appartenance au beau sexe bien sûr! Libérez-nous du féminisme!
Mozart était une femme. Voilà ce que proclame le titre du nouveau livre d’Aliette de Laleu[1], journaliste à France Musique et féministe, consacré aux musiciennes « effacées » de l’histoire de la musique classique.
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La thèse ? Certes, Wolfgang Amadeus a bien existé. Mais c’est la figure de Maria Anna, sa sœur aînée, qui doit désormais retenir notre attention et nous attendrir sur la répression immémoriale du talent féminin. Dans un extrait juteux publié par Slate, la journaliste raconte l’enfance des petits Mozart : Maria et Wolfgang, également virtuoses, sont promenés autour de l’Europe par leur père pour donner des représentations musicales lucratives. Jusque-là, pas trop de sexisme. Mais patatras : leurs destins se séparent à l’adolescence, où la femme doit rentrer dans le rang des futures épouses et où l’homme seul a la possibilité de faire quoi que ce soit d’intéressant de sa vie. L’apprentissage de la musique de Maria Mozart, nous dit-on, n’aurait en fait eu pour objectif essentiel que de la « différencier des domestiques » et de lui donner « un atout supplémentaire sur le marché du mariage », selon l’exégèse poussive d’une lettre du père des enfants Mozart. « Empêchée » de toutes parts, elle n’a « pas le droit de composer » (cela dit évidemment sans qu’on ne nous en fournisse aucune preuve). Moralité : elle a eu un « destin étouffé ».
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Hélas pour nos féministes (cette fumeuse théorie figure déjà dans le manifeste d’Osez le féminisme, Beyoncé est-elle féministe ?, qui date de 2018), l’étude de cas n’est pas probante. D’autant qu’à la lecture même de Mozart était une femme, on discerne tous les espaces de liberté que Maria Anna Mozart aurait pu utiliser pour composer. Tout musicien le sait : il y a un monde entre l’interprétation d’un morceau, même difficile, et la composition. Ce qu’on nous propose ici est moins l’histoire de l’effacement d’une femme qu’une simple uchronie spéculative.
[1]. Mozart était une femme, Stock, 2022.
Mozart était une femme: Histoire de la musique classique au féminin
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