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Margaret Smith Court, la « tatie cinglée » du tennis mondial

La maladie des déboulonnages s’étend à l’Australie


Margaret Smith Court, la « tatie cinglée » du tennis mondial
La championne de tennis Margaret Smith (épouse Court) à Londres en 2016 © Johnny Armstead/Shutter/SIPA Numéro de reportage: REX40439188_000004

Tout comme Martina Navratilova, John McEnroe ou Billie Jean King avant lui, le tennisman britannique Andy Murray a demandé à ce que le « Margaret Court Arena » de Melbourne soit débaptisé.


Margaret Smith Court, prochaine victime des déboulonnages ? C’est en tout cas ce qu’Andy Murray appelle de ses vœux, comme le relayait abondamment la presse française et internationale hier.

Interrogé sur les propos de certains anciens joueurs visant à rebaptiser le court numéro 2 du Melbourne Park, qui porte le nom de la championne australienne depuis 2003, il s’y est déclaré favorable, reprochant à la joueuse, détentrice du record absolu de nombre de titres individuels en Grand Chelem (24, même si seulement 11 d’entre eux furent remportés durant l’ère Open) ses propos sur l’homosexualité dans le tennis, comme il l’a déclaré au magazine PrideLife.

L’Ecossais Andy Murray en 2016 photo : DR

Il n’est toutefois pas allé aussi loin que John McEnroe qui s’en était pris à Court avec beaucoup de virulence, la qualifiant de « raciste » et « homophobe » avant de déclarer que « la seule liste qui est plus longue que les titres de Margaret Court est celle de ses propos offensants et homophobes ». Jamais avare en déclarations choc, McEnroe a déjà une idée de nom (au cas où on lui demande son avis) pour le court numéro 2 : « Evonne Goolagong Arena », du nom de la première Aborigène à avoir remporté un tournoi majeur.

Des propos plus qu’ambigus

Mais qu’est devenue la championne, aujourd’hui âgée de 78 ans ?

Convertie à la foi pentecôtiste dans les années 1970, elle fut ordonnée pasteur en 1991 et dirige depuis une congrégation à Perth, sur la côte ouest du pays. À ce titre, elle prend régulièrement part aux débats publics et s’est – notamment – prononcée à de nombreuses reprises contre le mariage homosexuel, ce qui semble être un délit d’opinion pour certains (il serait long et fastidieux et tous les nommer ici, mais prenons le cas de Anna Wintour, qui avait eu le droit à une réponse cinglante de Court). On se souvient qu’elle avait également défendu le rugbyman international Israel Folau, fervent chrétien évangéliste, exclu par la fédération australienne de rugby de la sélection nationale pour la Coupe du Monde 2019 en raison d’un tweet jugé homophobe.

Margaret Court ne s’est pas toujours illustrée par la qualité ni l’intelligence de ses interventions, et il faut bien admettre que certains propos de l’ex-championne ne sont pas particulièrement brillants, notamment ses déclarations sur les personnes transgenres ou ses propos (certes, rapportés) plus qu’ambigus sur l’Apartheid. [tooltips content= »Voir les liens suivants, en anglais https://thenewdaily.com.au/sport/tennis/australian-open/2020/01/27/australian-open-john-mcenroe-margaret-court/ et https://www.smh.com.au/sport/why-its-only-a-matter-of-time-before-margaret-court-arena-is-renamed-20170602-gwj25t.html »](1)[/tooltips]

Le gouvernement australien appelé à prendre une décision

Alors, Margaret Court est-elle devenue la « tatie cinglée » (crazy aunt) du tennis, comme l’affirme John McEnroe ? Peut-être un peu. Mais cela mérite-t-il de débaptiser le court qui honore les exploits sportifs de la plus grande championne de tennis de tous les temps ?

Interrogé sur cette éventualité, le directeur de l’Open d’Australie, Craig Tiley, a indiqué en janvier dernier qu’il n’y avait pour l’heure aucun projet en ce sens, mais que si une décision devait être prise, elle viendrait du gouvernement australien. La balle est dans son camp.



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Avocat, chroniqueur, spécialiste des pays germanophones

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