Valls se met aux Verts


Valls se met aux Verts

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Les compte-rendus analytiques des votes à l’Assemblée nationale constituent toujours des mines de renseignements pour l’observateur attentif. Tenez, par exemple, on peut tirer quelques conclusions du relevé de vote des députés écologistes sur la déclaration de politique générale de Manuel Valls.

Sur les dix-sept membres du groupe écologiste, un seul n’a pas voté la confiance. Pas la peine de s’y attarder, Isabelle Attard, député du Calvados, annonce le même jour que, bien que membre du groupe EELV, elle fera campagne aux européennes pour le parti Nouvelle Donne, créé récemment autour de Pierre Larrouturou et Bruno Gaccio.

Restent seize parlementaires dont dix ont accordé leur confiance au Premier ministre, au premier rang desquels on recense les co-présidents Barbara Pompili et François de Rugy. Le vote de ces deux-là n’étonnera que les distraits. Car l’un et l’autre avaient publiquement regretté le refus du bureau exécutif de leur parti de participer au gouvernement.

Six députés écolos se sont courageusement abstenus. Qu’est ce qui me retient de ne pas voter la confiance aurait pu s’interroger, à l’instar de Jean-Claude Dusse, Noël Mamère, un autre moustachu célèbre, qui fut de ces six-là ? La trouille, peut-être ? C’est ce qu’avait répondu « Popeye » dans Les Bronzés font du ski.

La trouille porte un nom, ou plutôt deux : dissolution et investiture. Eh oui, les députés écologistes ne sont pas fous. Pas davantage, d’ailleurs, que leurs collègues de l’aile gauche du PS. Ils savent bien que si le gouvernement Valls n’avait pas obtenu la majorité hier, ils prenaient le risque de retourner devant les électeurs. En tant que député écologiste, ils risquaient même de n’y retourner qu’avec la seule investiture de leur parti avec un concurrent socialiste face à eux. Combien de députés EELV reviendraient à l’Assemblée dans ces conditions ? À l’évidence, ils ne se compteraient que sur les doigts d’une seule main. Noël Mamère qui n’avait pas de mots assez durs pour qualifier le nouveau Premier ministre il y a quelques jours, avait donc, selon la formule d’un excellent esprit, davantage confiance en Manuel Valls qu’en la dissolution.

Mardi, aux alentours de dix-neuf heures, l’article 12 de la constitution du 4 octobre 1958 marquait un but décisif face à la politique humaniste, sociale et écologiste incarnée par le député de Bègles. Malgré mon opposition globale au discours de Manuel Valls, ça m’a fait plutôt marrer, il faut bien le reconnaître.

Cécile Duflot semble compter sur les prochaines élections européennes pour montrer ses muscles avant de faire miroiter sa candidature en 2017. L’idée serait de faire monnayer son retrait de dernière minute contre le maintien d’un groupe parlementaire vert à l’Assemblée nationale.

Face à un PS amorphe emmené par un leader aussi médiocre qu’Harlem Désir, les écolos pourraient effectivement réussir un joli coup le 25 mai. Mais en attendant, il ne faudrait pas tout gâcher en précipitant des élections législatives anticipées. La transition énergétique, les progrès sociaux et sociétaux peuvent attendre, passant loin, très loin, derrière les calculs de boutiquiers du duo Placé-Duflot.

*Photo : WITT/SIPA. 00663724_000014.



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