Manuel Sorel


Manuel Sorel

Valls Rastignac Sorel

Dans les portraits qui ont suivi sa nomination à Matignon, la presse a le plus souvent comparé Manuel Valls à Rastignac. Le problème est que Rastignac, en l’occurrence, ne renvoyait plus nécessairement au personnage de Balzac mais plutôt au cliché passé dans le langage courant : l’archétype de l’ambitieux sans scrupule. Il serait pourtant intéressant de pousser plus loin le parallèle en revenant au texte balzacien. [access capability= »lire_inedits »]  Rappelons d’abord que Rastignac, après avoir été un jeune provincial étudiant en droit est devenu à force d’intrigues, de mariages heureux et de coups financiers ministre de Louis-Philippe. Il n’y a pas ici, à notre connaissance, matière à parallèle ! Mais on trouve ailleurs, en revanche, un vrai point de convergence : la conception que Rastignac se fait de la réussite en politique est, tout comme chez Valls, de s’arranger pour apparaître comme le seul recours possible à un moment donné : « En ce moment Rastignac était pour la seconde fois ministre (…) et il passait pour être indispensable dans les combinaisons ministérielles à venir. »(1)

Pour rester dans le registre de l’ambition, Valls ressemble à un autre héros de roman, Julien Sorel. A moins que cela ne soit l’inverse ; lisez plutôt : « De grands yeux noirs, qui, dans les moments tranquilles, annonçaient de la réflexion et du feu, étaient animés en cet instant de l’expression de la haine la plus féroce. Des cheveux châtain foncés, plantés fort bas, lui donnaient un petit front, et, dans les moments de colère, un air méchant.Une taille svelte et bien prise annonçait plus de légèreté que de vigueur. »

Ce n’est pas compliqué, cela ferait de Manuel Valls le candidat idéal pour le casting d’une nouvelle adaptation du Rouge et le Noir. Valls, d’après les commentateurs, c’est l’énergie et l’énergie est précisément la caractéristique principale, selon Stendhal, du héros en général et de Julien Sorel en particulier : « J’aime la force, et de la force que j’aime, une fourmi peut en montrer autant qu’un éléphant. » La fourmi Valls comme la fourmi Sorel puisent leur énergie dans des admirations hétérodoxes par rapport aux goûts de leur temps et de leur camp. Julien adore Napoléon sous une Restauration qui en a fait le Grand Satan tandis que Valls préfère Clémenceau à Jaurès, vrai crime de lèse-socialisme. Cela veut-il dire que le nouveau premier ministre a, comme Julien avec l’Empereur, le portrait du Tigre caché sous sa paillasse ? Nous ne sommes pas assez intime avec lui pour en avoir la certitude. [/access]

Photo : WITT/SIPA/00684469_000001

Mai 2014 #13

Article extrait du Magazine Causeur



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