J’ai beau être un indécrottable partisan de la « culture de l’excuse », comme disent ceux qui confondent le désir de comprendre avec le renoncement, mais là, trop, c’est trop !
Il semblerait qu’à Nîmes, on s’apprête à équiper, à titre expérimental, la police nationale de caméras individuelles : le gardien de la paix filmera ce qu’il fait au moment d’un contrôle d’identité, par exemple, histoire de prouver qu’il ne se livre pas à des contrôles au faciès de façon systématique. Voilà à quelle absurdité on arrive quand on veut à la fois ménager la chèvre Valls et le chou Taubira : une mesure kafkaïenne et même, n’ayons pas peur des mots, orwellienne. Soit on fait confiance à la police dans ces questions sensibles, soit on s’assure de manière administrative que des excès ne sont pas parfois commis, et là, c’était l’idée du récépissé aujourd’hui abandonnée.
Commencer à équiper des fonctionnaires avec des caméras dans l’accomplissement de leur travail, ou qui que ce soit d’ailleurs, semble tout de même le stade ultime du flicage et même de l’autoflicage, le pire de tous. Cette caméra individuelle, qui vaut l’air de rien ses 1 000 euros, pourquoi n’équiperait-elle pas demain le médecin, le prof, le juge d’instruction, histoire de vérifier qu’ils font bien leur métier, sans abus sexuel, sans abus de pouvoir, parce que n’est-ce pas, on ne sait jamais…
On avait pris l’habitude d’être filmé dans les villes. Pour notre sécurité, bien sûr. Il va falloir sans doute désormais accepter de se transformer en caméra humaine dans nos activités. Pour la sécurité des autres, cette fois-ci : l’homme est une caméra pour l’homme.
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