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«Nous demandons la suppression du droit du sol à Mayotte»

Entretien avec Mansour Kamardine, député de la 2e circonscription de Mayotte


«Nous demandons la suppression du droit du sol à Mayotte»
Mansour Kamardine, député LR de la 2e circonscription de Mayotte. © Hannah Assouline

Sans maîtrise de ses frontières (maritimes), Mayotte connaît une explosion migratoire et une flambée de violences sans précédent. Pour enrayer ce cycle infernal, Gérald Darmanin a lancé en avril l’opération Wuambushu. Mansour Kamardine, député LR de ce 101e département français, applaudit mais attend encore plus de fermeté.


Causeur. Quel était le contexte de l’opération Wuambushu ?

Mansour Kamardine. L’opération de reconquête des territoires perdus et de restauration de l’État de droit à Mayotte a été lancée dans un contexte particulièrement tendu. La multiplication des agressions barbares contre les personnes et les biens par des hordes de jeunes sauvageons d’origine étrangère avait créé un climat de terreur sur l’ensemble du département et la population, qu’elle soit française ou étrangère en situation régulière, voulait une reprise en main ferme des questions régaliennes.

En quoi consiste précisément l’opération ?

Elle s’articule autour de trois axes : le démantèlement des bandes criminelles, la destruction de l’habitat illégal dangereux et indigne, et l’amplification de la reconduite à la frontière des clandestins, pour la plupart comoriens. Les objectifs du premier axe ont été atteints, puisque 75 bandes criminelles ont été démantelées et leurs chefs présentés à la justice. Le travail se poursuit pour neutraliser les réseaux criminels transnationaux de trafics d’êtres humains et leurs complices locaux. La destruction de bidonvilles a pris un sérieux retard en raison d’un véritable harcèlement judiciaire orchestré par les obsédés des droits des clandestins, qui sont des associations subventionnées et appuyées par des magistrats, adhérant notamment au Syndicat de la magistrature. Néanmoins, nous avons bon espoir que l’objectif de récupération des terrains spoliés soit atteint à la fin de l’année. En ce qui concerne le troisième axe, les manœuvres des autorités comoriennes, amplifiées par le manque de fermeté et d’habileté du Quai d’Orsay, ont conduit à un important « retard à l’allumage », mais les reconduites de clandestins ont retrouvé un rythme conséquent.

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Pouvez-vous nous rappeler les règles de naturalisation, dérogatoires au droit commun national, en vigueur sur l’île ?

Depuis 2018, un enfant né de parents étrangers peut obtenir la nationalité française à 18 ans à condition d’avoir vécu en France pendant au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans (comme en métropole) et à la condition supplémentaire de démontrer que l’un de ses parents était en situation régulière sur le territoire français depuis au moins trois mois au moment de sa naissance. Le gouvernement envisage de porter à douze mois le temps de présence légale d’au moins l’un des parents avant la naissance de la personne concernée. Nous demandons davantage, soit purement et simplement la suppression du droit du sol à Mayotte, afin de réserver l’acquisition de la nationalité française à la filiation et à la naturalisation, comme c’était le cas à Mayotte avant 1994.

La métropole peut-elle s’inspirer de l’exemple de Mayotte dans sa propre lutte contre l’immigration illégale ?

Pourquoi pas ! En effet, la situation actuelle de Mayotte est une fenêtre ouverte sur un avenir possible en métropole. Si nous n’arrivons pas à maîtriser nos frontières sur une île de 374 km², située à 70 km de pleine mer des côtes des Comores, où vivent 800 000 personnes, comment pourrions-nous maîtriser nos frontières européennes, avec Gibraltar qui se trouve à seulement 14 km de l’Afrique et de ses 1,2 milliard d’habitants ? Si nous échouons à Mayotte, nous échouerons en Europe. Nos compatriotes, dans leur immense majorité, ne sont ni racistes ni xénophobes. Ils expriment néanmoins leur volonté d’affirmer leur souveraineté en matière d’immigration. Il appartient aux Français de décider qui ils acceptent et qui ils refusent sur leur territoire.

On a entendu Edwy Plenel et d’autres figures de gauche dire que Mayotte et les Comores sont ethniquement un même peuple et que la frontière était une absurdité. Que vous inspirent de tels propos ?

J’observe chez les « belles âmes » de la gauche morale une méconnaissance patente de l’histoire, de la sociologie, de la linguistique et de la géographie du canal du Mozambique. Il n’y a pas dans cette partie du monde de peuple comorien. Il y a un peuple grand-comorien qui s’exprime dans une langue en tout point identique à celle des populations de la côte tanzanienne, mais aussi un peuple anjouanais, un peuple mohélien, un peuple malgache et un peuple français représenté par les Mahorais qui s’expriment tant en dialecte swahili qu’en dialecte malgache et en français. Surtout, j’ai découvert avec stupéfaction que cette gauche morale avait une conception ethnique de la nation, ce qui la rend finalement plus proche des idéologues nazis que des penseurs des Lumières. Toute ma vie, je me battrai contre cette conception nauséabonde de la Nation.

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D’où ce paradoxe : sur les plateaux TV, on a vu des Blancs accuser de racisme des Noirs musulmans qui souhaitent réguler l’immigration à Mayotte…

La gauche morale et l’extrême gauche ne savent plus où elles habitent ! Leur seule boussole est désormais la défense permanente et systématique des étrangers, surtout si ceux-ci sont en infraction au regard du droit. Les victimes, comme les Mahorais qui subissent les conséquences de l’immigration clandestine massive, sont traitées de bourreaux et les bourreaux sont protégés comme des victimes. Cette gauche à l’envers, qui insulte, au sens propre, tous ceux qui ne pensent pas comme elle, est en collapsus intellectuel. Elle est totalement aspirée par le marketing électoral des stratèges du Parti démocrate américain des années 1990. Ils sont passés de Karl Marx à Hillary Clinton. Tout un parcours !

Vous êtes député LR. La départementalisation du territoire sous Sarkozy a-t-elle selon vous permis de réguler le phénomène ? N’a-t-elle pas créé un appel d’air ?

Absolument pas ! Les trois principaux appels d’air à l’immigration clandestine sont l’accès à la nationalité, l’accès à l’école gratuite pour tous et l’accès à la santé gratuite pour tous. Les origines de la pression migratoire sont donc totalement extérieures à la départementalisation. Ce qui a rendu la situation explosive, ce sont la volonté délibérée, sous François Hollande, de laisser se développer la submersion migratoire de Mayotte à partir de 2012, l’activité ambiguë du Quai d’Orsay et l’échec de l’indépendance des Comores. Nous pouvons donc parachever la départementalisation, tout en coupant les trois principales pompes aspirantes de l’immigration. C’est même un devoir républicain.

Septembre 2023 – Causeur #115

Article extrait du Magazine Causeur




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Professeur démissionnaire de l'Education nationale

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