Nous, hommes journalistes harcelés…


Nous, hommes journalistes harcelés…

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Ah, le « harcèlement »… Ce drame contemporain, bien que dénoncé quotidiennement dans tous les médias consciencieux, continue encore et toujours de faire des ravages et n’épargne personne. La preuve : même des femmes diplômées, qui côtoient les puissant-e-s de ce monde et vivent de leur plume en crapahutant sous les ors de la République, subissent parfois l’inqualifiable. Les mots de « machisme » et de « sexisme » paraissent en effet bien faibles, pour nommer les souffrances intolérables qu’infligent tant d’hommes politiques aux femmes journalistes. C’est ce que nous apprend le dernier « manifeste » de chez Libération, signé par 40 d’entre elles « avec le soutien de Ruth Elkrief » et intitulé : « Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme… »

Dans la gazette du Marais, nos malheureuses consœurs égrènent les exemples les plus insoutenables du « paternalisme lubrique » qui les afflige. Attention les yeux : « C’est un membre du gouvernement qui fixe intensément le carnet posé sur nos genoux en pleine conférence de presse présidentielle. Jusqu’à ce que l’on réalise que, ce jour-là, nous portions une robe (il était temps, Ndlr). » Oh my God ! Ou encore plus trash : « A la question « s’il ne fallait retenir qu’un moment de votre première année parlementaire, ce serait lequel ? » c’est un député qui répond dans la minute « quand vous m’avez proposé un déjeuner » » Odieux ! Et ce n’est pas tout, il y a aussi les abjectes propositions faites par texto, telles que l’ignoble : « Une info, un apéro. » Bref, rien que du très, très lourd.

Les copines ont raison, le harcèlement touche violemment les journalistes. Mais elles en oublient la moitié, qui ne songeraient pas une seconde à se plaindre des « habitudes machistes, symboles de la ringardise citoyenne et politique » d’hommes « hétérosexuels plutôt sexagénaires ». Le harcèlement, c’est aussi cette étudiante, avec qui on accepte un déjeuner, et qui nous envoie un texto dans la foulée : « Tu n’es pas très joueur… » Puis qui nous fait un strip-tease torride par webcam interposée pour s’assurer d’être prise en stage. Une fois embauchée, pour être certaine que son travail soit apprécié, elle attendra qu’on soit seuls dans les bureaux, le soir, pour nous proposer une gâterie sur mesure.

C’est cette collaboratrice qui nous informe par messagerie instantanée, depuis son poste de travail situé à deux mètres à peine, d’une soudaine envie de se faire « prendre par derrière ». Quand ce n’est pas cet écrivain à forte poitrine qui nous glisse une main sous la chemise, dans un prix littéraire où nous sommes membre du jury, et nous promet une fellation inégalable dans l’escalier de service. Ou cette actrice qui nous confie, en pleine interview, qu’elle ne porte jamais de sous-vêtements. Sans compter les généreux « contacts professionnels » de sexe féminin qui nous bombardent de selfies irrésistibles, toute poitrine offerte face à leur miroir, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Ah, le harcèlement sexuel au travail… Ce jeu sans fin que nous offrent tant de femmes hétérosexuelles aguicheuses de moins de soixante ans, pour peu que l’on ait le moindre petit pouvoir dans n’importe quel domaine, ne nous lassera jamais. Quelques bigotes attardées pleurnichent sans oser dénoncer personnellement – ou gifler – les vieux lourdauds qui les importunent ? Pour notre part, ce n’est pas demain que nous réunirons un collectif des « victimes » d’allumeuses de journalistes mâles. Au contraire, pourvu que ça dure : comme le dit si bien ma consœur à l’accent et aux talons follement sexy, Paulina Dalmayer, dans Causeur ce mois-ci : « Oh oui, harcelez-moi ! »

*Photo : VINCENT WARTNER / 20 Minu/SIPA/1308281758



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