Accueil Édition Abonné Colonel Doumbouya: from Conakry with love?

Colonel Doumbouya: from Conakry with love?

Qui est Mamady Doumbouya?


Colonel Doumbouya: from Conakry with love?
Capture d'écran France 24 / YouTube

Portrait du nouvel homme fort de notre ancienne colonie d’Afrique de l’Ouest, qui a réalisé un putsch dimanche, et affirme ne pas vouloir « lancer de chasse aux sorcières »…


Le parcours du président guinéen Alpha Condé (président depuis décembre 2010) ne fut pas une promenade de santé. Mais c’est souvent le cas en Afrique de l’Ouest! Fondateur du Rassemblement du Peuple de Guinée, ce docteur d’État en droit public de l’université Paris-I a mis près de 20 ans avant de parvenir à tenir les rênes de son pays. Il a ensuite exercé une présidence contrastée et fortement contestée qui s’est achevée par un coup d’État rondement mené par le charismatique Colonel Doumbouya (notre photo). Qui est ce nouvel homme fort de l’Afrique francophone, dont les forces spéciales ont pris d’assaut le palais présidentiel Sékhoutoureya dimanche 5 septembre ?

Carte de la Guinée / Wikimedia Commons

Grand, taillé dans la roche comme le poids-lourd de l’UFC Francis N’Gannou, habillé d’une tenue de commando, le béret rouge vissé sur la tête et chaussé de lunettes de soleil par tous les temps. Ainsi est Mamady Doumbouya, avec de faux-airs de grand méchant d’une énième itération des Expendables, ou, c’est selon les sensibilités, de héros à la mode Wesley Snipes.

Quel est le parcours du chef du Groupement des forces spéciales, nom de l’unité d’élite anti-terroriste qu’il a créée dans sa Guinée natale, et qui a finalement mis aux arrêts Alpha Condé ? Mamady Doumbouya présente un curriculum vitae qui le montre profondément lié à la France et son armée.

Passé par la Légion

Ancien légionnaire, et dit-on sous-officier instructeur des commandos de l’antique Légion, le colosse mandingue est aussi l’époux d’une femme française commandant d’une brigade de gendarmerie. Ses attaches françaises sont donc non seulement universitaires, mais aussi familiales et plus généralement affectives. Par ailleurs, ses origines mandingues ne peuvent que le pousser à s’intéresser plus avant aux troubles provoqués par les djihadistes au Mali, ces derniers ayant fondé deux royaumes comprenant des territoires de l’actuelle Guinée, le Bambouk et le royaume du Wassoulou.

Bien évidemment, comme on pouvait s’y attendre dans cette région du monde, sa « communication » n’est pas encore à la pointe, rappelant plus la rhétorique d’un Bob Denard que celle d’un Joe Biden éveillé. « La Guinée est magnifique. Nous ne devons plus la violer, nous devons lui faire l’amour », a-t-il ainsi déclaré. Il y a fort à parier que l’homme n’est pas du genre homme-soja. On l’imagine d’ailleurs mal sympathisant d’Europe Écologie Les Verts, ou encore remplacer la statue de Napoléon Bonaparte par une statue de Gisèle Halimi comme le fera prochainement le maire socialiste de Rouen, auquel on ferait trop d’honneur en citant le nom.

Pourtant, cette apparence martiale et cette prestance acquise dans les rangs de l’armée française – notamment à l’école de Guerre, de laquelle il est sorti titulaire d’un brevet d’études supérieures militaires et d’un master de défense de l’université Panthéon-Assas – ne doivent pas laisser penser que l’homme s’apprête à bâtir un régime totalitaire sur les cendres d’un régime corrompu. Une fausse « page officielle » consacrée au militaire faisait apparaître Alpha Condé retenu par des gardes, avec un sous-texte tourné « à l’africaine » : « Le pays est libre ! Il est toujours en vie, enfin pour l’instant. »

On peut espérer que le nouvel homme fort se montre raisonnable

De fait, Monsieur Doumbouya a libéré des prisonniers politiques depuis longtemps retenus dans les geôles présidentielles et a indiqué de pas vouloir « lancer de chasse aux sorcières ». Son parcours et sa formation, de même que son mariage, peuvent laisser espérer qu’il se montrera raisonnable. Il est aussi notable que la France a peut-être regagné un allié, n’en déplaise à certains panafricanistes qui voient en lui une réincarnation de Thomas Sankara, qui n’était d’ailleurs pas du tout un mauvais homme. Alpha Condé tournait ses regards vers la généreuse Chine, délaissant progressivement la France.

Des évènements positifs pourraient donc naître de ce coup d’État. Et qui sait, un jour peut-être Emmanuel Macron appellera-t-il officiellement la Guinée à l’aide pour faire régner l’ordre dans les quartiers africains… de métropole ! Mamady Doumbouya semble d’un genre… efficace.




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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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