Décidément, cet automne judiciaire se révèle particulièrement liberticide. Après la criminalisation de l’amour caprin, la dictature du bon goût risque de faire de nouvelles victimes. Ils sont cinq supporters du PSG à avoir comparu jeudi au tribunal de Bobigny pour la fameuse banderole anti-Chti déployée en 2008 durant un match PSG-Lille. « Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Ch’tis« . Un humour noir aux gros sabots que l’auteur de ces lignes a eu la faiblesse d’apprécier autant que les sorties sulfureuses de Brice Hortefeux et du regretté Georges Frêches.
Les pires censeurs reconnaîtront que l’allusion à Outreau agrémentée des clichés du cru réconcilie l’Almanach Vermot avec Hara-Kiri. Au point que l’accusation d’incitation « à la haine ou à la violence dans le cadre d’une enceinte sportive » s’avère presque aussi drôle que le texte incriminé. Il faut dire que notre époque de compétition victimaire ignore le second degré, a fortiori lorsqu’il est pratiqué dans un stade où fusent les noms d’oiseaux.
Et qu’attend-on pour interdire l’infâme mais néanmoins célèbre hymne parisien : « Marseillais, va n… ta mère sur la Cane, Cane, Cane, Canebièrrrrrrrrrre! » ? Sur le grand marché de la compassion victimaire, la discrimination anti-méridionale vaudrait-elle moins que le supposé racisme antich’ti ?
Lorsqu’il ne sera définitivement plus permis de rire des ch’tis, basques, juifs, arabes et autres noirs, le meilleur des mondes sera devenu possible. D’avance, un grand merci aux juges de Bobigny
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