Ce matin en lisant Marianne2, j’ai cru tomber de ma chaise. Il a osé ! Monsieur Cochet recycle les vieilles idées du bon pasteur Malthus qui voyait déjà, à la fin du XVIIIe siècle, le salut dans la restriction démographique. Ainsi, il s’agirait de supprimer les aides aux familles à partir du troisième enfant, tant le bébé est pollueur[1. Puisque d’après lui, un enfant européen aurait « un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York », les « aides » devraient « (diminuer) sensiblement à partir du troisième » nouveau-né !].
Donc, quand on fait un gosse, on est un affreux pollueur car on fabrique un pollueur de plus. Après avoir prôné la fin des industries et de la voiture, Cochet va jusqu’au bout de sa logique et jette le bébé avec l’eau du bain. Jamais l’expression n’a été aussi à propos. Qu’importe si le Japon et l’Allemagne, qui ont des sociétés beaucoup plus vieillissantes et moins fécondes que la nôtre, détiennent un bilan carbone beaucoup moins flatteur[2. Sans doute, en partie, à cause de la politique anti-nucléaire encouragée par les amis Grünnen de Monsieur Cochet.]. Qu’importe si la Chine figure aujourd’hui au premier rang des pollueurs de la planète alors qu’elle a mis en place une politique de l’enfant unique depuis des décennies.
Changement de stratégie : les écolos ne nous font plus le coup de « La Terre qu’on emprunte à ses enfants ». Il ne faut plus d’enfants. Plus de bébés. Monsieur Cochet propose d’en passer par la suppression des allocs. Il ne propose pas encore des grandes campagnes de stérilisation, ni la politique de l’enfant unique à la sauce chinoise.
Mais si tout cela ne suffisait pas, nul doute que cet ayatollah n’hésiterait pas à franchir le Rubicon. Qui ne voit pourtant que l’argument de préserver la planète pour ses enfants fut, de loin, le meilleur argument pour changer certains comportements ? Pas Monsieur Cochet ! Lui préfère une société de vieux rentiers dans un pays sans industrie ; des vieux sans enfant qui n’auraient même pas de voiture électrique et qui tourneraient en rond sur leurs vélos en attendant que la mort arrive ; une espèce humaine en voie de disparition.
Nous concèderait-il le droit de réintroduire l’Humain dans certaines contrées, l’Italie du Nord ou la Ruhr, comme on le fait aujourd’hui pour l’ours ou le loup ? Certainement pas ! L’être humain, lui, est vraiment nuisible.
Je n’ai pas l’habitude de prononcer des noms d’oiseaux ici mais là, c’en est trop : mon troisième enfant, j’en ai d’autant plus envie. Pour ne pas avoir une société de vieux cons. De vieux cons comme Cochet.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !