Tandis que la presse tient en haleine l’opinion publique avec le feuilleton des réfugiés du Proche-Orient, nul n’évoque plus le flux régulier des migrants des autres régions du monde, qui continuent d’affluer vers la France par centaines de milliers chaque année, sans compter, comme l’a récemment mis en lumière l’agence Frontex, le nouvel essor de l’immigration clandestine du Maghreb, encouragée par les bras grands ouverts d’une Angela Merkel dont l’Histoire finira par juger le haut degré d’irresponsabilité en la matière. En effet, les migrants ne font jamais que saisir les perches qui leur sont tendues par les élites de commandement des terres d’accueil. Celles-ci ont, avec le temps, installé sur un même territoire des populations qui ne vivent pas à la même heure.
La variable socio-économique
Depuis plus de trente ans, nos élites politiques, économiques, syndicales, associatives, médiatiques déversent des larmes de crocodile sur une courbe du chômage qui demeure inflexible, sans jamais daigner intégrer la variable de l’immigration dans l’équation, comme si aucun des migrants ne finissait par rejoindre le marché de l’emploi. Les statistiques enquêtes/ emploi de l’Insee indiquent pourtant que leur taux de chômage est double de celui des non-immigrés (période 1995-2010). Quant à celui des jeunes issus de l’immigration, selon une étude de l’OCDE de juillet 2015, il est de 50 % plus élevé que celui des « jeunes sans origine migratoire », selon l’expression de cette étude.
Contrairement au mensonge largement propagé, car des plus commodes, la variable socio-économique est pourtant loin de jouer le rôle de premier plan qui lui est prêté dans la dégradation de l’intégration, au fil du temps. Au demeurant, cela est parfaitement connu en haut lieu, comme en atteste cette conclusion extraite de l’enquête Pisa 2012 sur le suivi des acquis des élèves, qui figurait dans la version de travail d’une feuille de route portant le sceau de Matignon, et qui est passée mystérieusement à la trappe avant sa publication, début 2014 : « Plus préoccupants encore, les écarts entre élèves issus de l’immigration et les autres demeurent très importants, même corrigés des variables socio-économiques. »[access capability= »lire_inedits »]
Tout comme les bourgeois avaient naguère besoin de leurs pauvres à qui faire l’aumône à la sortie de la messe, nos élites ont besoin de leurs nouveaux damnés de la Terre pour montrer qu’elles ont « une bonne conscience en parfait état de marche », selon l’expression de Romain Gary dans Chien blanc, où il décrit une élite américaine toujours dans l’affectation, jamais dans la sincérité. Attribuer la responsabilité des difficultés d’intégration au niveau socio-économique, et par ricochet aux Français qui empêcheraient l’ascension sociale des migrants et de leurs descendants, arrange les affaires de bien trop de monde. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que ce mensonge soit abandonné. C’est sur lui qu’ont été bâties les innombrables politiques qui se sont succédé depuis le début des années 1980 (et qui ont échoué) : zones d’éducation prioritaires, loi SRU, refonte des programmes scolaires…
La politique du loup dans la bergerie
À la suite des attentats de novembre dernier, le président de la République a promis la déchéance de nationalité pour les terroristes. Enfin, pour ceux qui sont encore en vie après leur passage à l’acte. Depuis lors, nous est imposé un feuilleton tragi-comique, qui n’est toujours pas achevé à cette heure, au cours duquel le fond du sujet n’est jamais abordé. Pire, c’est la politique du loup dans la bergerie qui a été imposée. Pour protéger leurs citoyens, les dirigeants européens n’ont pas trouvé mesure plus intelligente que de retenir les apprentis terroristes à l’intérieur du territoire, quand l’esprit de responsabilité commandait tout au contraire de les laisser partir, puis de les empêcher de revenir. Parmi ceux qui sont retenus intra-muros ou ceux qu’on laisse revenir, certains passeront à l’acte. En droit, cela s’apparente à une mise en danger de la vie d’autrui.
On ne démarque pas une nation comme un mouchoir
Pendant que les citoyens assistent médusés à un remake des Bourgeois de Calais, où les dirigeants européens s’en vont déposer aux pieds de la Turquie les clés des frontières de l’Europe, assorties de milliards d’euros et de la suppression des visas pour les 75 millions de Turcs, notre Assemblée nationale s’est distinguée en votant l’élargissement du droit du sol à des personnes qui ne sont pas nées sur le sol français (loi no 2016-274 relative au droit des étrangers en France). Les élus disposent de la France comme si elle leur appartenait en propre. Un nouveau coup porté à un lien de confiance déjà fort distendu. Rappelons que toute pièce d’identité constitue en outre un titre de propriété accordé sur la terre. En l’absence d’adhésion à un même socle de principes et de valeurs, la porte ne s’ouvre-t-elle pas inexorablement vers une grande explication ?
« Messieurs, je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l’état actuel des choses, l’état actuel de l’opinion, l’état des esprits en France est de nature à alarmer et à affliger. […] Si je jette, messieurs, un regard attentif sur la classe qui gouverne, sur la classe qui a des droits et sur celle qui est gouvernée, ce qui s’y passe m’effraie et m’inquiète […] Je crois que nous nous endormons, à l’heure qu’il est, sur un volcan. » C’est le 27 janvier 1848, soit moins d’un mois avant la révolution de la même année, qu’Alexis de Tocqueville prononce ce discours à la Chambre des députés, discours qui mérite d’être lu dans son intégralité tant il résonne avec notre époque.
Ceux qui avaient pour mission première de protéger la France ont failli. Ils ont créé les conditions de son aspiration par le tourbillon du chaos dans lequel le Maghreb et le Proche-Orient ont été entraînés. Mais il n’est pas certain qu’elle ait dit son dernier mot, car « tôt ou tard, la patrie submergée flotte à la surface et reparaît […] La protestation du droit contre le fait persiste à jamais. Le vol d’un peuple ne se prescrit pas. Ces hautes escroqueries n’ont point d’avenir. On ne démarque pas une nation comme un mouchoir. » (Victor Hugo).[/access]
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