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Mais enfin, Maïwenn!

On ne sait plus quoi penser de la déroutante réalisatrice


Mais enfin, Maïwenn!
La réalisatrice et actrice franco-algérienne Maïwenn, photographiée en 2021 à Cannes © LAURENT VU/PARIENTE JEAN-PHILIPPE/SIPA

C’est la starlette dont on va parler cette semaine! Maïwenn fait l’ouverture du festival de Cannes, avec un film dans lequel elle «ose» faire jouer Johnny Depp – malgré les mises en garde néoféministes. Par ailleurs, elle pense qu’Adèle Haenel est un peu con et interprète dans Jeanne du Barry le rôle d’une «courtisane». Enfin, elle a reconnu avoir agressé physiquement le journaliste Edwy Plenel.


Elle est la personnalité du cinéma français dont on parle en ce moment. On ne parle pas ici d’Adèle Haenel, de son caca nerveux et son départ à la retraite, mais de Maïwenn, dont le dernier film Jeanne du Barry ouvrira le prochain festival de Cannes. Par ses dernières prises de position, ses choix d’acteur et même ses coups de griffes administrés à Edwy Plenel dans un restaurant en février dernier, elle est à deux doigts de devenir l’égérie de la droite réactionnaire!

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Un lourd passé de militante décoloniale

Elle revient pourtant de loin. En 2020, elle sortait un film assez navrant, ADN, avec une étrange quête du génome algérien, non sans relents biologiques quelque peu étranges: « Je pense que [l’] engagement [contre le racisme] m’a été transmis par mes ancêtres, qui ont vécu la colonisation ». Depuis, l’actrice et réalisatrice s’est rattrapée. Bien sûr, on ne mettra pas au compte des bonnes actions l’agression d’Edwy Plenel, à coup de tirage de cheveux et de crachats, même si la tentation peut-être grande en présence du patron de Mediapart et son air du type qui vous pique la dernière roue de secours en plein milieu du bush australien. Elle est passée aux aveux, en direct chez Yann Barthès, dans une ambiance de franche rigolade, ce qui a valu une accusation de « complaisance » de la part de Télérama. Fabrice Arfi, la voix de son maître, nous parle carrément de « très mauvais scénario d’une époque ». Quelques semaines après le scandale de la participation d’Hugo Clément au débat de Valeurs actuelles, les médias progressistes semblent se tirer la bourre, et se chercher des poux les uns les autres, c’est à celui qui dérapera le premier.


Concernant l’annonce fracassante de la retraite cinématographique d’Adèle Haenel (celle-ci, additionnée à l’annulation de Stromae et l’arrêt de la matinale de Charline Vanhoenacker, permet d’entrevoir un début de renaissance dans notre pays), Maïwenn n’a pas tout à fait suivi l’enthousiasme de certaines de ses consœurs : « Je trouve ça triste de tenir un discours si radical. Je trouve ça triste pour elle, sur le fait qu’elle voit ce monde-là par ce prisme-là. C’est un peu trop général, un peu trop radical ». En octobre 2020, Maïwenn avait déjà marqué sa divergence avec le féminisme radical d’Adèle Haenel. Enfin, toujours chez Yann Barthès, elle a défendu le choix de faire jouer Johnny Depp dans le rôle de Louis XV, et ce malgré la triste publicité faite par son procès contre Amber Heard. Procès qui nous a permis de ne rien ignorer de ce qui se passait sous les draps, et moins encore, sur les draps.

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« Il a perdu son premier procès, il a gagné le deuxième, c’était parole contre parole, je ne me suis pas sentie de le juger ». Télérama juge bon de nous rappeler que Johnny Depp n’a pas vraiment gagné son procès, « les deux parties ayant été déclarées coupables et condamnées chacune pour diffamation » ; l’acteur a seulement écopé d’une amende moins lourde que son ex-épouse. Le choix de l’acteur est d’autant plus fort qu’il fut fait en janvier 2022, alors que l’issue du procès était loin d’être connue… À l’époque, la frange féministérique des réseaux sociaux s’était étranglée de ce choix.

Une femme dans un milieu d’hommes

Mais alors, où va Maïwenn ? On n’ira pas forcément lui chercher une cohérence idéologique, et on ne lui en demande pas tant. En 2015, elle s’emporte contre ses collègues qui réclament la parité dans les métiers du cinéma. « On fait du tort aux femmes en râlant comme ça. Il y a plus de maquilleuses femmes que d’hommes, et alors ? Qui s’en émeut ? C’est un métier qui fait appel aux hormones masculines [la biologie, encore une fois !], donc il y a tout simplement plus d’hommes réalisateurs, c’est aussi bête que ça ».

Trois ans plus tard, elle signe pourtant la pétition du Collectif 50/50 qui milite pour la parité dans le cinéma. On lui reconnaîtra au moins deux choses : un franc-parler jubilatoire et des derniers coups de gueule salvateurs – mais, par pitié, on ne tire pas les cheveux des vieux messieurs dans les restaurants, même quand ils l’ont un peu mérité !



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