Dans le monde anglo-saxon, Beatles et autres rockers avaient pris conscience de la supériorité du spectacle sur la révolution dès les années 1960. Que la France ressasse encore le vieux mythe 68 est une nouvelle preuve de son retard sur l’Oncle Sam.
Mai 68 ? Pas vu.
Adolescent à Milwaukee, je vivais les sixties par procuration, devant mon poste de télévision. La décennie a vraiment commencé fin 1963 avec la publication par le magazine Life d’un élégant volume intitulé « Four Days », portrait du long week-end de l’assassinat de JFK jusqu’à son enterrement. Rien de plus choquant pour une nation que le meurtre de son chef. Encore plus lorsqu’il se déroule selon un récit invraisemblable : le tueur aurait agi seul, lui-même abattu le surlendemain par un gangster assoiffé de vengeance à cause de son amour du leader défunt. Un mafioso altruiste, solidaire d’un homme politique anticorruption ? Qui croirait à une telle affabulation ? Ce fut évidemment un coup d’État occulté, et du coup, la fin de la démocratie en Amérique.
L’atterrissage de JFK
« Four Days » m’a obsédé, je feuilletais en boucle ses jolies pages, imprimées en couleurs sur du papier glacé : vendredi, le 22 novembre, la progression de la Lincoln Continental cabriolet à travers les rues de Dallas ; samedi, le 23, l’exposition du cercueil du président, couvert par le drapeau étoilé, dans la salle est de la Maison-Blanche ; dimanche, le 24, le sacrifice d’Oswald, tué à bout portant dans le garage de la police ; et lundi, le 25, la mise au tombeau du martyr. Quel spectacle, digne d’un opéra !
Bien évidemment, ce furent surtout les images du vendredi qui ont capté