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Maggie, I love you


Maggie, I love you

thatcher
 
Il y a vingt ans, une génération de jeunes Français très vaguement politisés par la lecture de Charlie Hebdo apprenait à détester Margaret Thatcher avec une chanson de Renaud. Les mêmes qui auront entendu les infos à la télé le 31 décembre seront rassurés d’apprendre que l’histoire leur donne raison et qu’en politique, la mode remplace la connaissance pour vous placer dans le bon camp.

Les archives qui viennent d’être ouvertes nous apprennent donc que la Dame de fer était avare mais vous le savez déjà si vous avez lu Jérôme Leroy, féroce et raciste.

Non seulement madame a eu le culot de répondre « chiche ! » aux terroristes emprisonnés qui avaient choisi de mourir de faim pour dénoncer sa politique, ce qui n’était pas très gentil, mais elle annotait les copies de ses ministres avec une sévérité rare (qui vaudrait aujourd’hui à n’importe quel professeur de France une protestation musclée) : « Très mauvais texte » ou « total manque de consistance » ou encore « trop faible » ou plus simplement « non » souligné rageusement plusieurs fois. Pour « rageusement » c’est la presse britannique qui souligne.

Quel mauvais caractère ! Pas de chance pour Maggie, elle n’était que femme politique et n’avait que la tâche de remettre un pays entier sur la voie salvatrice du libéralisme économique. Pas de quoi s’énerver. Si elle avait été cinéaste avec pour seule ambition celle de projeter son égo sur écran géant, toutes les chochottes susceptibles avec qui il faut prendre des gants y auraient sans doute vu l’exigence qui est le signe des grands génies.

Mais cet autoritarisme n’était pas le moindre de ses défauts, Maggie était aussi raciste. Face à l’exode des boat-people fuyant le Vietnam, elle propose de limiter le nombre des réfugiés accueillis sur le sol britannique et avoue avoir  « beaucoup moins de réticences vis-à-vis des Rhodésiens (nom des Zimbabwéens avant qu’ils soient libres et affamés), Polonais ou Hongrois, qui peuvent bien mieux s’intégrer à la société britannique ».

Quand on connait l’actualité de l’Angleterre et les problèmes que pose une immigration qui, pour une part, ne s’intègre pas parce qu’elle n’entend pas s’intégrer, on a envie de barrer rageusement les copies des journalistes qui osent intenter à Maggie un procès en racisme.

Le Premier ministre en remettait une couche en déclarant à ses collaborateurs : « On ne peut accorder des logements sociaux à des immigrants alors qu’on les refuse à des citoyens blancs. Il y aurait des révoltes si le gouvernement le faisait. » Depuis, le gouvernement a fait bien plus en faveur de ses citoyens issus de l’immigration mais heureusement, le légendaire flegme, la bonne éducation du peuple Anglais – et peut-être cette fameuse culture des Droits de l’Homme – ont jusqu’à aujourd’hui empêché ces révoltes redoutées. La civilisation anglaise, ça veut encore dire quelque chose.

Margaret Thatcher est aujourd’hui Alzheimer. Devant tant d’ingratitude, c’est tout ce que je lui souhaite !

Février 2010 · N° 20

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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