Contrainte d’abandonner sa Géorgie natale, Magda a trouvé refuge à Paris. Dans une baraque plantée à La Villette, elle démontre que la grande cuisine peut se passer de fastes. Ses plats généreux, corsés d’épices et arrosés de bon vin, offrent une certaine idée de la douceur de vivre.
En vingt ans, le statut social des chefs a totalement changé. En l’an 2000, beaucoup portaient encore la toque et ressemblaient à des aubergistes. Certains allaient acheter leurs poulets et leurs salades chez les paysans du coin et vous servaient des radis en guise d’amuse-bouche. Ils se contentaient de faire de la bonne cuisine et laissaient à leur femme (ou à leur mère) le soin de recevoir les clients en salle. Il y avait un lien nutritionnel et émotionnel direct entre la main du chef et le client désireux de se restaurer, de se faire du bien… On allait « chez » un tel parce qu’on savait qu’on y serait bien traité et nourri, dans un rapport d’égalité et de fraternité.
Aujourd’hui, les chefs revendiquent le statut de créateurs, d’artistes, de coachs, de consultants. Beaucoup sont devenus des stars médiatiques indispensables à l’industrie agroalimentaire pour laquelle l’innovation permet de répondre à la saturation des besoins : il faut créer sans cesse de nouvelles recettes et de nouveaux produits pour relancer la consommation. On les admire alors qu’ils étaient autrefois
