Frédéric Pajak, par le dessin et l’écriture qu’il fait fusionner de manière unique, a inventé un genre : l’autobiographie par procuration. Mais dans ce sixième volume de son Manifeste incertain, il affronte pour la première fois sa propre histoire à travers la mort du père, qui a marqué toute son oeuvre.
Frédéric Pajak, depuis longtemps déjà, accompagne notre mélancolie. Comme ce sentiment est aussi et surtout une manière de connaissance du monde, les lectures de Pajak, ses voyages, ses errances, sa façon bien particulière, pour se raconter, accueillir les souvenirs comme ils se présentent, dans le désordre d’une mémoire qui joue au coq-à-l’âne et à marabout de ficelle, ont aussi été les nôtres. Sinon, pourquoi retournerions-nous si souvent dans notre bibliothèque vers Le Chagrin d’amour où Pajak confond, la gorge serrée mais le trait sûr, son histoire personnelle avec celle d’Apollinaire ? Ou encore vers L’Immense Solitude, et Turin, dont les arcades austères, minérales et sombres ont servi de décor terminal à la folie de Nietzche et au suicide de Pavese, tous les deux orphelins inconsolables, comme l’est lui-même notre homme qui a perdu son père à 10 ans, en 1965.
C’est sur cet épisode que revient plus particulièrement Pajak dans le sixième volume de son Manifeste incertain, sous-titré « Blessures ». Le Manifeste incertain
