Depuis l’affaire Loiseau, la macronie a pris l’habitude de se débattre avec la jeunesse droitière de ses hussards. Dernier épisode en date, le quotidien italien Il Primato Nazionale a exhumé le passé néofasciste du conseiller d’Édouard Philippe, Sandro Gozi.
Élu député européen sur la liste LREM au printemps dernier, Sandro Gozi, l’ancien ministre de Renzi attend la sortie effective du Royaume-Uni pour récupérer un siège à Strasbourg. D’ici là, ce parfait bilingue traite les affaires européennes à Matignon, conformément à ses convictions fédéralistes.
Rebelle Romagne
Une certaine idée de l’Europe qui n’a pas toujours été la sienne, comme l’a reconnu Gozi fin août. En 1984, « à l’âge de 16 ans, comme un acte de rébellion d’adolescence, dans une ville et une région depuis toujours communistes et dans une famille démocrate-chrétienne, je me suis rapproché du Fronte della Gioventù », organisation de jeunesse du Mouvement social italien. Il est vrai que la Romagne est depuis longtemps un bastion de gauche, dont la tendance anarcho-socialiste donna jadis naissance à un certain Benito M.
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Quoi qu’en dise Gozi, sa présence aux côtés du grand dignitaire fasciste Giorgio Almirante sur une photo prise en 1990 prouve que ses années de militantisme ne furent pas vraiment une passade.
Doux euphémisme
Aujourd’hui jeune quinqua, il justifie son erreur de jeunesse en invoquant son amitié d’alors avec le secrétaire de section Alberto Calbucci. Joint par Le Point, ce dernier relativise : « Nos idées politiques n’étaient pas encore bien développées à l’époque. […] Mais nous n’étions pas les fascistes qui rôdent pour aller se battre avec des gens. »
Pourtant, le site Romagna Noi décrit Calbucci comme un « ex-videur skinhead nazi ». Marié et rangé des voitures, après une brillante carrière dans le football américain, il officie désormais en tant que diacre lorsque le curé de Cesana est empêché de dire la messe. Un peu de mansuétude : l’euphémisme est un péché véniel.
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