Alors que le président français s’encanaille avec les plus fâcheux des dissidents politiques comme Jean-Marie Bigard, des naïfs font mine de s’inquiéter dans la bonne presse.
Personne ne l’ignore plus : au lieu de solliciter l’avis de son prédécesseur comme le réclamerait le bon sens le plus élémentaire, le président Macron préfère prendre conseil auprès des pires olibrius que l’hexagone a dernièrement enfantés.
Beaucoup de monde s’est offusqué des méthodes peu orthodoxes du médecin marseillais Didier Raoult. Le 9 avril, Emmanuel Macron se déplace en personne pour le rencontrer.
Ces personnalités que l’Élysée surveille comme le lait sur le feu
On cherche ensuite à savoir combien de jours les Français peuvent encore survivre les bistros fermés. Macron fait appel à l’expertise de l’humoriste Jean-Marie Bigard, lequel se montre très critique sur les réseaux sociaux.
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À droite, Eric Zemmour et Philippe de Villiers pâtissent de difficultés (agression dans la rue pour l’un, parc du Puy du Fou perdant 1 million d’euros par jour pour l’autre). Voilà que notre bon président prend ¾ d’heure à consoler le premier au téléphone, et qu’il négocie les conditions de la réouverture des attractions du second, alors que cela n’est pas dans les prérogatives présidentielles.
Hollande, ancien mentor, dépité
Injustement, François Hollande n’est pas sollicité de son côté. Il révèle sur France inter avoir été appelé une unique fois depuis le début de l’épidémie. Emmanuel Macron l’avait sonné pour savoir s’il fallait bien annuler le second tour des municipales. Oui, mais ça, Emmanuel Macron l’a demandé à tout le monde !
À la question d’un auditeur qui se demande si un président doit ou non appeler Bigard et Zemmour, ou gérer le Puy du Fou personnellement, la réponse de l’ancien président est un peu maladroite: “vous voulez dire qu’un président ne doit pas téléphoner comme ça? C’est possible”.
Une supercherie ? Saperlipopette !
Que ce soit Zemmour, Raoult ou même Cyril Hanouna, l’équipe d’Emmanuel Macron craint parait-il l’émergence d’une figure “populiste”. Elle pourrait surgir de nulle part et n’importe quand, séduire en quelques mois l’opinion et accéder à l’Élysée (cela s’est déjà vu…). Du coup, à en croire Solenn de Royer du Monde, Emmanuel Macron aurait “fait le choix de traiter ces figures plutôt que de les ignorer” et “de montrer qu’il considère ce qu’elles représentent” pour mieux tuer dans l’œuf toute velléité politique.
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Les appels téléphoniques, prétendument passés pour prendre les avis des uns et des autres, ne seraient qu’une vaste ruse visant à annihiler la parole de toute cette canaille populiste.
Elisabeth Lévy remplacerait Marlène Schiappa, lors du prochain remaniement
Dans Libération, un éditorial moitié inquiet moitié potache fait mine de s’émouvoir des mauvaises fréquentations de notre président.
Laurent Joffrin écrit ainsi que “le président des riches veut changer son image en draguant les grandes gueules d’en bas”. Il fait semblant d’être horrifié par la forme que pourrait prendre le gouvernement que Macron pourrait “réinventer” après le coronavirus. Il voit Michel Onfray à Matignon, Bigard au Commerce, Raoult évidemment à la Santé, Zemmour à l’immigration, Houellebecq à la culture et même… la directrice de Causeur Elisabeth Lévy à la Condition féminine!
Laurent Joffrin est mal informé. Lors d’un des innombrables appels de la présidence, notre petite équipe a bien entendu à travers la cloison la patronne qui raccrochait rageusement son combiné, après avoir prononcé ces mots : “C’est le Ministère de la Guerre, ou alors ce sera sans moi. J’ai dit !” 100% véridique.
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On l’a compris, le cabinet fantôme de Joffrin vise surtout à donner des frissons à ses lecteurs. Mais n’allez pas vous imaginer que le lectorat de Libération se compose de lecteurs de gauche ! On ne voit plus ce journal qu’entre les mains de Parisiens qui ont voté Macron. Les appels “douteux” de l’Élysée abondamment ébruités, c’est en revanche la manifestation d’une panique réelle du pouvoir, fracassé par la potion gilets jaunes + corona. Et c’est donc aussi le soi disant cauchemar d’une presse progressiste qui fait semblant de ne pas le comprendre!
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