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Euro: faut-il vraiment avoir peur d’en sortir?


Euro: faut-il vraiment avoir peur d’en sortir?
Sipa. Numéro de reportage : 00632080_000003.
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Sipa. Numéro de reportage : 00632080_000003.

Les grandes fortunes financières veulent absolument faire élire Emmanuel Macron à la présidence de la République française, celui-ci leur ayant donné de nombreux gages depuis son parcours à la Banque Rothschild puis à l’Élysée, notamment en permettant le passage d’Alsthom-Energie entre les mains de l’américain General Electric, puis le rachat de SFR par le magnat Franco-israélien  Patrick Drahi (lequel abrite sa fortune dans les paradis fiscaux). Après avoir plombé la candidature de François Fillon par des méthodes plus anti-démocratiques les unes que les autres, la haute finance s’affole à l’idée que la présidence pourrait échoir à Marine Le Pen. C’est dans ce contexte qu’il faut lire l’article qu’a publié Le Figaro le 9 marssur le « scénario noir » que constituerait pour la France la sortie de l’euro. On tente ainsi d’effrayer les électeurs avec un titre en première page et une série d’arguments présentés, dans les trois pages suivantes, par des auteurs inconnus mais se référant à des opinions émises par les financiers.

Le fiasco de la monnaie unique

On feint d’ignorer délibérément les conséquences qu’a eues l’entrée de la France dans l’euro. On peut les estimer en nous comparant aux principaux pays industrialisés qui disposent de leur souveraineté monétaire (États-Unis, Grande Bretagne, Suède). Sur la période 2000-2015, la France accuse un retard de croissance cumulé compris entre 11 % et 16 % de son PIB, soit une perte sèche comprise entre 236 et 344 milliards €, soit encore une perte de prélèvements obligatoires de 106 à 155 milliards €. À ce manque à gagner s’ajoutent le coût du chômage, celui de la lutte contre la pauvreté et la situation des systèmes de retraite, très sensibles au taux de croissance de l’économie.

Dès décembre 2011, un collectif de douze économistes français de renom avait demandé un démontage concerté de l’euro. Tous les économistes compétents, notamment de nombreux prix Nobel,  admettent l’échec patent de la monnaie unique. Ceux qui voudraient la garder reconnaissent que la seule solution serait de construire une « Europe fédérale des transferts », où les plus riches des pays paieraient éternellement pour les plus pauvres. Si cette solution semble viable économiquement, elle ne l’est pas politiquement, car les peuples européens n’en veulent pas, à commencer par les Allemands qui seraient les premiers concernés.

Pour tenter de sauver l’euro, le président de la BCE, Mario Draghi, a abandonné la politique de son prédécesseur fin 2014. La dépréciation de cette monnaie a été obtenue grâce à une création monétaire excessive et des taux d’intérêt quasi-nuls, selon la méthode américaine (Quantitative Easing), ce qui engendre désormais une inflation des actifs, une diminution des investissements dans l’économie et le gonflement de bulles spéculatives, lourdes de menaces. Si cette dépréciation semble favorable pour la compétitivité vis-à-vis du reste du monde, elle n’a rien changé aux deux disparités structurelles entre les pays de la zone euro : d’une part la divergence chronique des rythmes d’évolution des prix intérieurs, qui reflète la diversité socio-culturelle des pays de cette zone; d’autre part la différence d’efficacité des systèmes productifs et des spécialisations sectorielles, qui persiste toujours entre les économies concernées. Par rapport à l’Allemagne, les experts du FMI estiment ainsi que la France a désormais un écart de compétitivité de 20 %.

Pour sortir du piège de l’euro, la bonne solution serait de renégocier un nouveau Traité européen, de façon à revenir à une monnaie commune, c’est-à-dire à une unité de compte équivalente à l’ancien écu (solution qui prévalait avant l’euro). Par rapport à celle-ci, les taux de change des monnaies nationales pourraient être stabilisés en termes réels, c’est-à-dire en tenant compte de la divergence inévitable des rythmes d’inflation. La dette souveraine de l’État français, émise pour 97 % en droit français, serait convertie en notre nouvelle monnaie nationale, selon le principe de la lex monetae, puisqu’en vertu du droit international, chaque pays a droit à sa souveraineté monétaire.

Au lieu de recourir à la finance internationale, tout nouveau déficit budgétaire serait financé monétairement sans aucune inflation, par la mise à disposition des ressources résultant de l’augmentation souhaitée de la masse monétaire en circulation. Ce serait la seule voie d’injection monétaire, la source bancaire étant tarie du fait de la réforme monétaire préconisée par Maurice Allais. Pour être crédible, et afin d’éviter toute dérive démagogique, le principe d’indépendance de la Banque de France serait affiché clairement, dans le cadre d’un mandat assurant une croissance raisonnable de l’offre de monnaie (taux annuel de l’ordre de 4% à 5%, correspondant à l’augmentation du volume de production et d’une hausse modérée des prix).

Un euro pour un nouveau franc

Contrairement aux arguments fallacieux présentés par les tenants de la haute finance, la sortie de l’euro est tout à fait réalisable, ne présentant pas une grande complexité. Dans le cas de la France, il se fera en remplaçant l’euro par un franc nouveau, en échangeant un euro existant contre une unité de cette nouvelle monnaie (un pour un). L’abandon de l’euro aurait certes pour effet de compliquer les formalités des touristes, comme lorsqu’ils vont au Royaume-Uni, mais les changements seront purement formels à l’intérieur de notre pays. Pour les avoirs bancaires, la conversion sera instantanée. Pour les billets, l’échange des billets actuels contre les nouvelles coupures se fera à un coût raisonnable, qu’il nous faudra négocier avec la BCE. Pour les pièces, l’échange pourra se faire rapidement, les pièces actuelles en euros étant gardées provisoirement avant l’échange.

À l’intérieur de l’économie française, les prix des biens, des services et des salaires seront automatiquement convertis selon le taux retenu (un franc nouveau pour un euro). Le même taux de conversion sera appliqué aux actifs intérieurs, qu’il s’agisse des actifs immobiliers, des créances sur l’économie française ou des actions des entreprises de droit français. L’État assurera une garantie publique afin que tous les contrats soient respectés. Les dettes privées internationales des entreprises, portant sur des contrats commerciaux et exprimées en euros, seront, quant à elles, converties en nouvel écu, la monnaie commune. En outre, une étude récente de Cédric Durand et Sébastien Villemot montre que, pour les pays qui feront l’expérience post-euro d’une dévaluation – dont la France -, il n’y a pas de risque bilanciel  (à l’exception de l’Espagne). Ces économistes de l’OFCE proposent ainsi d’abandonner l’euro pour sauver l’Europe.

Effectivement, la négociation avec nos partenaires ne signifie pas que la France veuille sortir de l’Europe. Ne confondons en aucune façon celle-ci avec l’Union européenne. Ce monstre bureaucratique, régi par une Commission dépourvue de toute légitimité démocratique, et appuyé par un « gouvernement des juges », a prouvé sa nocivité, tant pour l’économie que pour la politique migratoire. Un Traité alternatif existe, rédigé sous la direction de Michel Robatel, Président d’honneur de POMONE, et repris aujourd’hui par les partis politiques DLF, MRC et FN. C’est pourquoi il faut le proposer, afin de remplacer cette Union européenne en perdition par une Confédération d’États européens souverains, c’est-à-dire une grande Europe des patries, de l’Atlantique



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dirigent l'Institut Pomone (Pour une organisation monétaire nouvelle en Europe).

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