Il ne mettait plus le nez à la fenêtre! Conscient que pratiquement plus personne ne le supporte, le président de la République a cherché un point de chute pour prendre l’air. Un coin suffisamment dépeuplé pour ne pas se prendre une manif dans le buffet et suffisamment joli pour restaurer son image. Les Hautes-Alpes, bingo! Les mouflons en divagation et quelques notables élevés au génépi ne devaient lui poser aucun problème. Las, un comité d’accueil de la CGT, le souffle court mais le bras long, s’est convié à la fête. Et Macron a réussi l’exploit de se faire de nouveaux «amis»: les bègues.
Il fait fondre la neige et tourner le lait. De mémoire de peau de chamois on n’a jamais vu ça. Les hélicos de la présidence de la République ont crevé la quiétude du ciel alpin dans un fracas métallique pour se poser sur la pelouse du terrain de rugby de Savine-le-Lac. Pelouse régulièrement tondue par les vaches à lait de Savine, les seules dans la région à être plus de 15 pour faire une équipe de rugby. Au pied des hélicos, une dizaine de voitures blindées de la protection du président. Plus que pour Biden à Jérusalem-Est! Depuis le passage de Macron et tout ce remue-ménage, les vaches du coin sont tellement perturbées qu’elles zappent l’étape du lait pour donner direct le Babybel dans son enveloppe de cire. Et elles ont arrêté le rugby pour se mettre au paddle.
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Histoire d’O. Lâcher-lui la grappe avec la réforme des retraites. La contestation? Regardez, ils sont 200 à hurler là-haut, c’est pas la Rue Michel! Mépris en vrac. Mon coco, 200 dans ce trou et à cette altitude, au niveau de la mer ça te garantit un bain de foule en crise. Le cheminement parlementaire a donné lieu à une clarification. On a voté, on passe à autre chose. Provoc en stock. La confusion jamais atteinte au parlement pour l’adoption en force d’un projet de loi toujours pas validé dans un pays qui sombre dans le chaos, tout ça traduit pour lui une clarification. Du génie en barre. Et maintenant il met sa science hydraulique au service des canalisations et des nappes phréatiques. Autant boire nos larmes.
Kill Borne. Comment se séparer de Borne sans avoir l’air d’y toucher? Là, il y met le paquet. Il lui demande de renouer le fil du dialogue avec les syndicats tout en envoyant des mines pour rendre la discussion impossible. Il y a dix mois, il l’a plombée d’entrée en laissant élégamment fuiter les circonstances de son choix. Reconstitution du moment où s’est décidé le choix de Borne pour Matignon, Macron dans son bureau avec Alexis Kohler: Il me faut une femme à Matignon. Quelqu’un de sérieux, qu’on aime bien mais pas plus que moi, qui soit à gauche mais pas trop, pas un canon sinon Brigitte va gueuler. Et pourquoi pas Elisabeth Borne? Qui? L’ancienne ministre du Travail. Celle avec les lunettes? Parfait, appelle-la!
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C’est, c’est, c’est, Célimène… Macron n’a pas suffisamment d’ennemis. Plus à l’aise qu’un chasseur alpin en altitude il a voulu faire de l’humour, discipline qui n’est pas son fort en ville. À une énième question sur la réforme il a envoyé: Si je me répète je bégaye… Écroulé de rire par sa vanne, il marque un temps d’arrêt pour que tout le monde rigole. Dans le cadre, les trois édiles du coin oublient de rire, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, fait dans sa tête le bilan carbone de la vanne et se raidit comme un piquet de slalom. Seul Muselier, toujours bon public avec le pouvoir, se roule par terre. Le Muselier qui avait poussé le ministre pour être dans l’axe de la caméra. Bref: il y a plus de 700 000 bègues en France. Plus leur famille proche, disons trois personnes en moyenne, cela fait plus de 2 millions de personnes qui vont apprécier dans les urnes la blaguounette du président. Ce trouble moteur affectait aussi le grand-père de Charles III, le roi Georges VI. Décidément, avec Macron, Charles est toujours content du voyage.
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