Pendant qu’Emmanuel Macron joue au fermier, les agriculteurs, eux, se meurent.
En pleine période d’élections législatives italiennes, une vidéo intitulée « des poules à l’Elysée » est publiée sur le compte twitter de l’Elysée.
Vous pensiez connaître tous les recoins du Palais de l’Elysée ? Découvrez son poulailler et ses deux nouvelles habitantes : Agathe et Marianne ! pic.twitter.com/L6Ecg3AjBh
— Élysée (@Elysee) 5 mars 2018
Notre président serait-il en train de se berlusconiser ? Non. Brigitte veille au grain. Un éleveur avait offert une poule au président lors de son passage au Salon de l’agriculture. Chose promise, chose due, l’éleveur est venu avec non pas une, mais deux poules. Il était temps, car le un acheté un offert, c’est bientôt fini ! Les deux nouvelles pensionnaires de l’Elysée se prénomment (car les galinacées ont un nom) Agathe et Marianne, et ont été accueillies par Emmanuel Macron en personne, accompagné de son chien.
Pendant ce temps-là, l’agriculture dépérit
Avec un tel orfèvre en matière de communication, il est donc légitime de s’interroger sur le pourquoi d’une telle mise en scène. Un premier élément de réponse est apporté lorsque le président, voyant l’une des poules ouvrir un peu trop son bec, demande à l’éleveur la technique pour l’endormir. Un procédé qui pourrait s’avérer bien utile pour calmer les agriculteurs (prochains dindons de la farce) dénonçant les accords de libre-échange et en particulier celui entre l’UE et les quatre pays du Mercosur, en cours de négociation.
Agathe et Marianne ne se doutent donc pas, sous les ors du poulailler présidentiel, que leurs congénères sud-américaines menacent de bientôt déferler en France. Ces lointaines voisines, nourries à base de farines animales et élevées dans des conditions sanitaires déplorables, seront vendues à un prix plus bas. Interbev bovins, l’interprofession de la filière, a estimé qu’il « entre actuellement 250 000 tonnes de viande d’Amérique du Sud par an en Europe. Les négociations avec le Mercosur pourraient y ajouter 100 000 tonnes ». Comment absorber un tel afflux, à un moment où le sort de la filière de la viande bovine n’est guère enviable ?
La mort est dans le pré
Les producteurs de lait, subissant depuis de nombreuses années un prix payé par les centrales d’achats nettement inférieur au coût de production, abandonnent leur métier et vendent leurs vaches, ce qui fait baisser les cours. Cette concurrence déloyale ne manquera donc pas de causer de nombreuses faillites d’exploitations et une baisse de revenus des éleveurs. Une situation extrême qui risque malheureusement de conduire au désespoir, voire au suicide. Un agriculteur se suicide tous les deux jours. La mort est dans le pré. Mais notre président semble plus enclin à faire le coq qu’à prendre réellement le taureau par les cornes.
Alors, pour ceux qui se demanderaient jusque-là comment se portent les deux volatiles, qu’ils soient rassurés. Le chef cuisinier de l’Elysée s’est empressé de poser, tout sourire, avec le premier œuf pondu. Il en réclamait même d’autres, afin de faire une omelette.
Il est là ! Le premier œuf. Merci Agathe la poule. Encore deux et on fait une omelette #mangerlocal #madeinlejardin #agathe&marianne #cocorico pic.twitter.com/eosNnL7zQg
— Guillaume Gomez Chef (@ggomez_chef) 6 mars 2018
Aussi, prenez garde mes poulettes. Avec Emmanuel Macron, l’agriculture est faite avant tout pour produire ! N’oubliez pas que le cordon bleu est le péché mignon du chef de l’Etat qui, pour cette fois, a réussi l’exploit de repartir du Salon de l’agriculture avec deux poules, plutôt que des œufs.
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