Emmanuel Macron, candidat depuis le 3 mars, a présenté les principales mesures de son programme pour l’élection présidentielle hier après-midi. Pensez-vous qu’il ait répondu aux attentes d’Élisabeth Lévy ?
La présentation du programme du président sortant a-t-il répondu à mes attentes ? Pas vraiment ! J’espérais qu’il allait esquisser un grand projet, fixer un cap, développer une grande vision pour la France.
Honnêtement, c’était ennuyeux.
On s’est parfois moqué du Macron 2017 et de ses envolées. Mais au moins il y avait une vision, un souffle. Là, c’était un peu terne. Son propos se résume en deux mots: « je continue ». Emmanuel Macron entend continuer tout ce qu’il n’a pas fait à cause de la pandémie et des diverses crises qui ont émaillé son mandat. En quoi la pandémie l’a-t-elle empêché d’introduire de la proportionnelle ? Pourquoi le ferait-il maintenant ?
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Trois grands axes
Emmanuel Macron a défini trois grands principes que personne ne peut contester : l’indépendance, le progrès pour tous et le pacte républicain. De Zemmour à Nathalie Arthaud, tous les candidats peuvent les reprendre à leur compte. Qui serait pour une France dépendante dans une Europe faible ? Qui serait contre le pacte républicain ?
Pour l’indépendance, il nous promet un livre blanc et la poursuite de l’augmentation des crédits militaires. De leur côté, les Allemands mettent 200 milliards alors que nous doublons le nombre de réservistes…
Ensuite, il a parlé de souveraineté populaire : d’accord, mais de quel peuple parle-t-il ? Vu qu’il parle tout le temps de souveraineté européenne, on aimerait bien savoir : va-t-il encore essayer d’aller vers plus d’intégration ?
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Avec nous ?
Ensuite, il y a la méthode : il paraît que désormais le président va gouverner « avec nous ». Fort bien, mais on ignore toujours comment il compte remédier aux fractures françaises, au communautarisme, à la relégation de la France périphérique.
Emmanuel Macron a également annoncé des mesures qui sont de droite, sur le RSA et les retraites, ce qu’on savait déjà. Il poursuivra aussi la réforme du marché du travail. Certes, mais comment ? On sait que Macron veut transformer « Pôle Emploi » en « France Travail », attention, grosse réforme !
Sur l’éducation, il parle du harcèlement scolaire, mais quid de la réforme du bac ensablée, de la formation, du recrutement des profs ? Sur l’immigration, il nous dit que les déboutés du droit d’asile seront expulsés. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait jusqu’à maintenant ?
En fait, le vrai problème c’est le dispositif de cette campagne électorale du président sortant. Puisqu’il ne va pas débattre, les seules confrontations seront avec les journalistes. Or, ils étaient en mode présidentiel.
D’ailleurs, la plupart d’entre eux lui ont donné du « Monsieur le président », ne l’ont jamais bousculé et ne l’ont pas interrogé sur son bilan. Macron devait descendre dans l’arène. Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’arène.
Cette chronique a initialement été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy, directrice de la rédaction de Causeur, chaque matin à 8h10 dans la matinale