Au cours de ces deux entretiens télévisés d’avril, le président a eu l’occasion de donner du sens à sa politique. C’est raté. En donnant l’impression de s’aligner sur l’orthodoxie de Bruxelles et Berlin comme seule perspective, Emmanuel Macron pourrait s’aliéner les français.
Où allons-nous ? Derrière les soubresauts de l’actualité, qu’on les appelle « crises » ou « mouvements sociaux », il y a toujours, dans le fond, cette seule et unique question dont découle tout le reste ; « tout le reste », c’est-à-dire le rapport au réel que construit le peuple français à travers ses représentations culturelles et son imaginaire, ses institutions et ses traditions politiques, sa vision de la religion et de sa place dans la cité, sa conception des relations sociales.
« Où nous conduisez-vous ? »
Nous avons besoin de nous projeter dans un avenir commun, même par la dispute, car se disputer c’est partager un langage commun qui prouve que nous pouvons faire France, ensemble, en dépit de nos différences d’origine et des antagonismes sociaux qui nous caractérisent.
Bien des pays qui ont traversé des crises économiques plus aiguës que la nôtre ne connaissent pas le même marasme que nous. Nous ne savons pas où nous allons : ne cherchez pas ailleurs l’origine de la dépression française depuis un quart de siècle. Or, un an après avoir été élu sur la promesse de nous remettre « en marche », le président Macron esquive ostensiblement la question de la destination vers laquelle il entend nous mener.
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