Si Emmanuel Macron a réagi à l’incendie de Notre-Dame par une première adresse sobre et habitée, il a ensuite cédé aux mirages de la communication et du bougisme. En promettant de reconstruire la cathédrale en cinq ans, le président occulte la dimension spirituelle de l’édifice au profit de l’agenda olympique. Et replonge dans un prométhéisme fort malvenu.
« La reconstruire plus belle en cinq ans » : la formule du président de la République, dans son allocution officielle du mardi 16 avril 2019, avait sa part de dévoilement qui passait outre les bornes de la prudence, mais aussi du refoulement. La veille, en une nuit incendiaire qui avait vu la cathédrale de Paris se changer en Notre-Dame de France, d’Europe, de la Terre, il avait su reporter son discours de politique générale, se rendre sur les lieux, entrer dans la nef calcinée et en ressortir pour une première adresse dont le ton protecteur et l’accent prophétique quelque peu surjoués pouvaient cependant exciper de l’émotion nationale et internationale.
Mais tel Orphée revenant des enfers, le chef de l’État n’a pu s’empêcher de retourner sur ses pas et préférer le mirage de la communication au magistère du silence, lequel suffit pourtant, en temps d’« épreuve », au consentement tacite entre le prince et le peuple. Empressé de reparler, Emmanuel Macron n’a pas manqué de déparler, se livrant à un
