Emmanuel Macron aime tellement les médias qu’il est prêt, pour assurer leur indépendance, à se lancer dans le bénévolat. C’est l’anecdote rocambolesque que nous raconte le journaliste du Monde Adrien de Tricornot. En 2010, alors qu’il cherche à boucler son rachat, le quotidien du soir et sa Société des rédacteurs s’entourent de « spécialistes ». Quand surgit des tréfonds de la nuit un jeune homme « formidable, super brillant », prêt à les aider « pro bono ». Il « se présente à nous comme un banquier d’affaires qui fait de l’argent, mais n’y trouve pas du sens, membre de la fondation Jean Jaurès, voulant défendre la liberté de la presse », se souvient le journaliste. « Emmanuel, puisque c’est comme ça qu’on l’appelait à l’époque », les conseille et les pousse à ne pas se focaliser sur l’offre Niel-Bergé-Pigasse.
Mais alors que les journalistes du Monde sortent d’une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé, à la même adresse, « coïncidence », que les bureaux d’Alain Minc, avenue George-V, Adrien de Tricornot croise le regard… d’Emmanuel Macron, entouré d’Alain Minc qui « conseille à l’époque le groupe Prisa, un des autres candidats au rachat [du] journal ». Aussitôt, le futur ministre se met en marche : il « disparaît derrière la porte cochère ». Stupéfait, le journaliste décide de le suivre. Et démarre, à travers étages, paliers et couloirs, une partie de cache-cache avec son bon samaritain. « J’avais une sorte de pressentiment. J’avais vu que Macron se cachait […]. Je monte les marches. Mon téléphone sonne en appel masqué. Je n’ai pas su qui c’était, j’ai raccroché. Et puis j’arrive au dernier étage de l’immeuble. Je vois que la porte de l’ascenseur est bloquée. […] Et tout au bout de l’étage, sur le palier, il y avait Emmanuel Macron ! »
Pris au piège, il[access capability= »lire_inedits »] démarre, « pile au moment où j’arrive », une conversation au téléphone et fait mine de ne pas le voir. « Bonjour Emmanuel, s’exclame alors le journaliste en lui tendant la main. Tu ne nous dis plus bonjour ? […] J’ai senti l’angoisse en lui. Il avait du mal à respirer. Son cœur battait à 200 à l’heure. » Adrien de Tricornot apprendra plus tard qu’un courrier de report des négociations adressé à la triplette Niel-Bergé-Pigasse, dont « la trame » avait été « transmise » à la Société des rédacteurs du Monde par Emmanuel Macron, « avait en fait été rédigé à l’origine par Alain Minc Conseil ». Indépendance de la presse toujours, le journaliste ne raconte pas cette anecdote dans son journal mais sur StreetPress, un magazine en ligne participatif.
Nb : un autre des protagonistes de la scène la confirme en tous points. EL[/access]
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