Au-delà de la politique, l’ascension fulgurante d’Emmanuel Macron correspond à un mouvement de fond de la société: la pensée positive et l’obsession portée au bien-être individuel. Comme Michel Cymès, dont le magazine Dr Good s’arrache en kiosque, Macron conjugue optimisme, culte de la réussite et promesse de jeunesse éternelle. Ce qui revient à accompagner la fin de la politique. Mais l’effet placebo pourrait cesser d’agir.
Dans le paysage morose de la presse française, un magazine connaît un succès spectaculaire : le bimensuel Dr Good. Son éditeur, Mondadori, le décrit comme un « magazine bien-être et santé, incarné [sic] par Michel Cymes qui partage toutes ses connaissances et ses conseils pour changer nos habitudes afin de rester en bonne santé. Expert, sans tabou et toujours positif ! » Difficile de ne pas faire le lien entre cet énorme succès dans le secteur sinistré des journaux et un autre phénomène quasi concomitant : l’ascension d’Emmanuel Macron. D’autant que l’on reconnaît dans ce discours quelques mots-clés du macronisme. On peut même oser une hypothèse : ce sont le même état d’esprit diffus et le même soubassement anthropologique qui expliquent le succès de Dr Good et l’élection de Macron.
Dans les deux cas, les mots qui sautent aux yeux – et qui résument le projet – sont « positif » et « optimisme ». Michel Cymes en personne a livré à Célyne Baÿt-Darcourt, de France info, le secret de Dr Good : « Le ton est résolument optimiste […] et je souhaite que tout le monde sache qu’on peut changer son comportement par rapport à sa santé, par rapport à son corps en allant mieux. » Une partie de sa réussite réside sans doute dans le fait que Dr Good arrive à se libérer de l’assignation de la catégorie « magazine santé et bien-être » et même de la presse féminine.
« Les énergies positives sont la clé de tout »
Le phénomène
