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Macron: les mimiques de Sarkozy, le discours de Taubira

Un discours profondément communautariste


Macron: les mimiques de Sarkozy, le discours de Taubira
Rémy Buisine, journaliste au média en ligne Brut, et Emmanuel Macron. © Captures d'écran du compte Youtube de Brut

Sur le média en ligne Brut, Emmanuel Macron est tombé dans la plus vile démagogie. Ses propos viennent légitimer les discours racialistes qui rebutent la majorité des électeurs de droite. 


Emmanuel Macron a le don d’ubiquité. Il est ici, à droite pour les naïfs, et là, à gauche pour les « jeunes » qu’il a entrepris de séduire en accordant un long entretien à Brut et son journaliste Rémy Buisine, autodidacte n’ayant pas eu son baccalauréat et ancien gagnant de l’émission de téléréalité The Social Rush sur Direct Star. Le président de la République aura donc passé deux heures à jouer au « bon flic », cédant sur à peu près tous les sujets régaliens et identitaires que les internautes lui ont soumis.

Les policiers ne sont pas tous des Brut

Sur le média Brut, que son créateur Renaud Le Van Kim définit comme une entreprise cherchant à « attirer une génération nouvelle de consommateur d’infos », Emmanuel Macron a viré la barre à gauche toute, s’aventurant sur des terres progressistes nourries à la victimisation larmoyante qu’il désertait pourtant depuis quelques semaines. « Il y a une défiance entre la population et la police dans les quartiers difficiles. Quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé car on est identifié comme étant un facteur de risque », a ainsi dit le président. A-t-il été poussé à adopter cette position étonnante par Christophe Castaner – son grand ami qui s’était mis à genoux devant la famille Traoré et l’émotion suscitée par la mort de George Floyd aux Etats-Unis – ? L’un et l’autre ont en tout cas réussi à se mettre à dos les syndicats de policiers, après avoir toutefois tenté de les flatter.

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Emmanuel Macron a accrédité l’idée voulant que les Français soient « contrôlés au faciès ». De fait, les passants sont contrôlés en fonction d’indices de leur potentiel criminel. Un père de famille chargé de sacs de courses avec un enfant aura moins de chance d’être contrôlé qu’un adolescent au volant d’une berline allemande, un homme ivre, des personnes cagoulées à proximité d’une émeute ou une bande de jeunes sentant le cannabis à trois kilomètres à la ronde. Mais passons, nous pourrons vite en finir avec ces « injustices » une fois créée la plate-forme internet gérée par l’État, le Défenseur des Droits et les associations comme la Licra pour dénoncer les discriminations… De quoi pousser les policiers à enfin lancer une grève du zèle, consistant à ne plus contrôler personne et surtout pas les personnes susceptibles de commettre des crimes ou des actes de délinquance. L’appel a été lancé par les principaux syndicats de la police, légitimement outrés par la parole présidentielle.

Macron cajole une certaine jeunesse

On pouvait croire qu’Emmanuel Macron s’en tiendrait à l’actualité la plus brûlante ou botterait en touche pour éluder les questions les plus absurdes des internautes de Brut, censément représentatifs de la jeunesse. Que nenni. Ses propos sur les contrôles policiers n’étaient malheureusement que le prélude d’une longue descente aux enfers indigéno-diversitaires. Tombant dans le piège de l’idée voulant que la France soit frappée par un « racisme systémique », Emmanuel Macron a confondu sciemment la jeunesse de France avec les « noirs et les arabes » qu’il a nommément désignés sous ces vocables. Une génération qu’il ne voit pas « déboussolée mais en quête de sens »… Une quête de sens à laquelle Emmanuel Macron répondra en débaptisant des rues et en déboulonnant des statues … tout en se défendant d’adhérer à la « cancel culture » (il n’y a manifestement rien compris).

Le président appelle ainsi à identifier « 300 à 500 noms de personnalités noires et arabes pour les honorer dans l’espace public ». Quid de la communauté des gens du voyage (diverse et multiple en soi) ? Des asiatiques ? Des Français d’origine portugaise ? Espagnole ? Italienne ? Polonaise ? Ils ne crient pas assez ? Ne font pas assez d’attentats ? Ne rappent pas suffisamment fort dans le poste ? Certains d’entre eux ont tapé dans le ballon assez correctement avant Zidane et M’Bappé, à l’image de Kopa, Fernandez et Platini. Sorte de synthèse mal née du pire de Nicolas Sarkozy et de Christiane Taubira, Emmanuel Macron s’est prêté à un jeu dangereux à l’heure du terrorisme, de l’hyper-délinquance et des émeutes. Un jeu dont il n’est pas ressorti grandi. Un exemple : interrogé sur l’affaire Mila, Emmanuel Macron a commencé sa réponse en citant la très ancienne affaire Mennel, jeune femme aujourd’hui conspuée depuis qu’elle a décidé de ne plus porter le voile !

En allant chez Brut, Macron abaisse la fonction présidentielle

Mûr pour les vidéos tik-tok, les lives sur Twitch et peut-être même les sextapes sur Onlyfans ?

En abaissant la fonction présidentielle à un exercice aussi cynique, qu’il n’a pas su maîtriser, ne comprenant semble-t-il rien à son propre pays, Emmanuel Macron a douché les espoirs des quelques optimistes de droite qui pensaient avoir trouvé en lui un homme qui, s’il n’était pas de leur famille, semblait au moins gagné par la raison la plus élémentaire. Durant ces deux longues heures, Emmanuel Macron a parlé de précarité menstruelle (au sens de menstrues), des banlieues qu’il faut encore arroser d’argent alors que ça ne sert à rien, des méchants policiers et des gentils immigrés.

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Rien sur l’emploi, la ruralité, les villes moyennes, le spectacle vivant, la sécurité ou les traditions. Rien de rien. Des commentateurs ont prétendu qu’il n’a pas pu le faire, se contentant de répondre aux questions qui lui étaient posées. C’est faux. Il aurait pu dévier, détourner ses interlocuteurs. Il n’en avait tout simplement pas envie.

Un moment fut même glaçant, terrible. Appelé à définir ce qu’était « être Français » ; Emmanuel Macron a répondu que cela revenait à « participer à un projet de société », ajoutant qu’il fallait adhérer aux valeurs de notre « pays monde nourri des cultures de tous les continents ».

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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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